Il ne me reste que quelques lignes à écrire, à vivre et à relire de mon tumultueux chapitre de la maternité. Après je range le grimoire, livre, manuscrit, peu importe. Je l’entrepose, je le donne, je le brûle?
Un nombre incalculable de chocs, de larmes, de montagnes russes d’émotions, de colères noires, de marchandages, de déprimes, de tristesses viscérales… Ça rappelle les étapes du deuil, non?
Eh bien là, je vous annonce que j’entre dans la phase qui me fait le plus peur, l’acceptation. Je n’ai aucune idée de comment m’y prendre. Je suis effrayée, terrifiée. Comment me raisonner, me dire qu’une fratrie, que leurs fous rires et leurs mauvais coups complices n’existeront jamais? Comment pourrais-je enfin répondre à la question « c’est pour quand le deuxième? » que c’est terminé. Terminé la grossesse, le poupon, l’ange, l’allaitement, la chaise berçante, les gazouillements, l’épanouissement et j’arrête. J’ai envie de vomir. J’aurais tellement voulu, j’aurais tellement su aimer!
Ce soir, je tombe au sol, pas seulement à genoux, mon corps tout entier est étendu au sol.
« Parfois lâcher prise est un acte plus puissant que de se défendre ou de s’accrocher » – Eckhart Tolle.
J’en suis là, j’abandonne, je lâche prise, je suis incapable.
Je veux me retrouver, dans ma tête, dans mon corps, et surtout dans mon cœur. J’ai chaviré depuis l’infertilité, je crois n’avoir jamais réussi à prendre une grande bouffée d’air pur depuis.
Je nage à contre-courant au travers les intempéries, j’ai besoin d’une bouée pour ne pas m’y noyer.
Je m’accroche à mon fils, mon précieux, mon merveilleux, mon ange cornu. Un amour si pur, il me donne la force de me relever, de sourire et de foncer. Il me ramène là où le sable est doux, chaud et accueillant. Mon mari est un diamant brut, comme je n’en ai jamais vu. Point. Merci.
J’apprivoiserai cette nouvelle étape comme j’ai toujours réussi à le faire. Mais Dieu sait que c’est épeurant. Mon cœur cicatrisera, certains jours seront plus difficiles que d’autres et, lorsque je me retrouverai au creux d’une vague, je fermerai les yeux en pensant à la pureté de mes amours existants.
Il paraît que c’est ça la vie.