Une de mes amies travaille pour le gouvernement en Nouvelle-Zélande, où elle a établi son nid depuis déjà plusieurs années. Nous discutions dernièrement de différents sujets en lien avec la parentalité, surtout la maternité, en fait. Je pensais vraiment que la Nouvelle-Zélande était très avancée de ce côté, avec un solide système de sages-femmes déployé à la grandeur du pays. Disons que ma naïveté s’est un peu effritée.
 
La pratique sage-femme n’est légale au Canada que depuis 1999 : l’image des sages-femmes au Québec est en mutation depuis quelques années et de plus en plus de jeunes couples choisissent cette option pour donner naissance à leurs enfants bien qu'il y ait une pléthore de préjugés sur la sécurité assurée par ces professionnel.le.s. En Nouvelle-Zélande, le système basé sur les sages-femmes a été mis en place en 1989 (avec une revue et des améliorations en 2009).
 
Les soins donnés par les sages-femmes sont couverts à 100 % par le gouvernement contrairement aux soins reçus d’un.e gynécologue-obstétricien.ne, qui sont à la charge de la patiente. Je nuance : les soins donnés par un.e obstétricien.ne spécialiste sont gratuits lorsqu’il s’agit d’une grossesse à risque ou lorsque les patientes sont référées par les sages-femmes. Dans ce cas, les patientes peuvent choisir de transférer leur suivi complètement vers l’équipe médicale (médecin et sages-femmes de l’hôpital) ou de partager les soins entre les spécialistes du milieu hospitalier et leur sage-femme hors hôpital. Les femmes ont donc le choix d’être suivies par le professionnel de leur choix – quoique les médecins spécialistes refusent en général de le faire dans le cas de grossesses non problématiques, ce qui fait que la grande majorité des femmes (85 % selon mes lectures) sont suivies par des sages-femmes.
 
Ça, c’est la belle image que j’en avais, celle d’un système rodé et efficace, axé sur la santé physique et psychologique des futures et nouvelles mères. Toutefois, une étude est sortie en 2015 établissant une corrélation entre le fait d’être suivie par une sage-femme en début de grossesse et des complications néonatales. Il y a donc depuis quelque temps un mélange de midwife-bashing dans les médias néo-Zélandais et de défense grassroots du système de santé périnatale. Il faut faire attention à l’interprétation des données de cette étude qui ne permettent pas d’affirmer que le suivi donné par les sages-femmes en début de grossesse est de moins bonne qualité.

D’ailleurs, ce n’est pas ce que les scientifiques véhiculent comme message : « It may well be that midwife-led care is optimal within the context of well-organised systems. However, there is an urgent need to establish which aspects of those systems potentially make that care more, or less, safe [in New Zealand] », ce que je pourrais librement traduire par : « Il est probable que les soins fournis par les sages-femmes sont optimaux lorsqu’ils sont donnés au sein d’un système bien structuré. Toutefois, il importe d‘établir quels aspects de ce système ont un impact sur la sécurité des soins [en Nouvelle-Zélande]. » Les Néo-Zélandais veulent que des études prospectives soient menées pour confirmer s’il y a oui ou non des différences significatives dans les soins accordés par les sages-femmes dans le système actuel et que des actions soient prises pour s’assurer que le système permet un haut niveau de sécurité. Sous-payées, sur appel de nuit comme de jour 365 jours par année, les sages-femmes sont épuisées. Burnout, dépression, elles quittent massivement la profession, signe qu’il y a sans doute des éléments du système qui pourraient être améliorés.
 
De mon point de vue, à 13 000 kilomètres de là, on dirait que le gouvernement minimise l’importance des sages-femmes et les problèmes qu’elles dénoncent. Qu’on se le dise, les nouvelles mères apprécient grandement la présence humaine et les soins offerts par les sages-femmes qui prennent réellement le temps de répondre à leurs questions, d’impliquer le papa et de faire la transition entre le couple et la nouvelle famille. Mais comme il y a moins de sages-femmes disponibles dans certaines villes ou certains hôpitaux et que le gouvernement ne fait rien à ce niveau, les futures mamans se tournent massivement vers la pratique privée.

Avez-vous été suivie par une sage-femme? 
 
Sources/Lectures suggérées :

  1. Article de The Spinoff
  2. Article de New Zealand College of Midwives Association (inc)
  3. Un second article de la même source
  4. Article de OHbaby!