J'ai passé la majeure partie de ma vie angoissée. Durant mon enfance, les nombreux conflits entre mes parents et l'alcoolisme de mon père ont fait en sorte que j'ai grandi dans une sorte d’instabilité émotionnelle. J’ai développé plein de petits bobos, dont la majorité était « dans ma tête ». J’ai commencé tôt à faire des crises de panique, bien que je ne savais pas encore qu’il y avait un nom à ces attaques débilitantes. Je croyais que j’étais la seule à vivre ces épisodes et que je devenais « folle ». En vieillissant, mon anxiété a augmenté, tout comme mon sentiment de faiblesse. 
 
La maternité m’a toujours fait peur. Je me souviens très bien avoir cru, en fin d’adolescence, que je ne pourrais jamais avoir d’enfants. Non pas par choix, car j’ai toujours adoré les bébés, mais parce que je ne me croyais pas assez forte et stable mentalement. Comment pourrais-je m’occuper d’un petit être humain et l’aider à devenir grand, alors que j’arrivais à peine à m’occuper de moi-même? Après tout, j’avais encore peur du noir.

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Fast forward. Plusieurs années de thérapie et je rencontre enfin #LaBonnePersonne. Un homme qui m’accepte comme je suis, avec toutes mes anxiétés et mon besoin d’être rassurée constamment. Nous prenons l’énorme décision de créer la vie. Je suis trépidante, excitée, mais aussi terrorisée. Il y a toujours ce petit doute au fin fond de mon esprit qui m’empêche de profiter à fond de ma grossesse. (Il y a aussi le fait que je suis suivie en clinique de grossesse à risque élevé, mais ça, c’est une histoire pour un autre jour.)
 
Le moment d’accueillir notre fille arrive enfin. Lorsque l’infirmière la dépose sur mon ventre, je fige. Je regarde ce petit bout d’humain tout gluant et portant déjà une crinière à faire envier son père (il est chauve, mon pauvre homme), et tout d’un coup je ne sais pas trop quoi faire. Ce n’est pas le coup de foudre instantané tant attendu et dont tant de femmes se vantent. Tout ce que je ressens est un immense sentiment de responsabilité avec un seul but : la garder en vie.
 

Crédit : Rachel Auclair

Nous revenons à la maison et j’essaie de profiter du moment présent. Malheureusement, mon anxiété me guette et la panique resurgit. J’ai peur de m’évanouir en allaitant mon bébé alors je mets plein de coussins autour de nous. J’ai peur de l’échapper en montant à sa chambre alors j’installe un parc au rez-de-chaussée pour changer ses couches. Lorsqu’il est temps que mon conjoint retourne travailler, ma mère vient passer deux semaines chez moi le temps que ma confiance en moi grandisse.

Et elle a grandi.
 
Petit à petit, je me suis découvert des forces dont j’ignorais l’existence. J’ai réalisé que j’avais des instincts et que je n’avais qu’à les écouter. Et puis un jour, je me suis arrêtée et j’ai regardé ma fille. Elle gazouillait de bonheur. C’est à ce moment que j’ai eu la certitude d’être une bonne mère. Ce qui m’a le plus frappée est que je n’avais pas besoin d’entendre ces mots de personne autre que moi-même. Quel beau cadeau de la vie!
 
Avez-vous déjà souffert d’anxiété? Comment cela a-t-il affecté votre maternité?