Quand je suis tombée enceinte, un soir de fête, l’amoureux et moi avons fait l’amour. Ça faisait du bien, j’avais l’impression que nous nous retrouvions après les montagnes russes de l’annonce de cette nouvelle petite vie en moi.
Mais une fois l’amoureux en moi, malgré toute sa tendresse, le sang s’est mis à couler, et j’ai eu quelques gouttes au fond de mes bobettes après l’amour. Le rouge m’a mis le cœur à l’envers, m’a serré les entrailles. J’avais peur que ce sang emporte la vie qui grandissait en moi. Je ne voulais plus que l’amoureux me touche. Lui non plus d’ailleurs, il avait peur de nous faire mal à tous les deux…
Puis le sang a coulé à nouveau, sans raison apparente, une journée un peu plus fatigante que d’habitude. Nous ne voulions plus prendre de risque : nous avions envie de connaître ce bébé et de le mener à terme. Des câlins affectueux, des bisous tendres, il y en avait plein, mais plus d’ébats passionnels… Pendant les neuf mois de la grossesse, l’amoureux et moi devions apprendre le sexe autrement…
Puis un jour, bébé est venu au monde et mon corps a repris ses formes. Plus de bedon pour nous barrer le chemin, plus de peur de perdre un enfant. Seulement l’amoureux et moi, dans la pénombre de la nuit, alors que les enfants dormaient paisiblement. Lui et moi, sa chair contre la mienne. Il me pressait contre son corps, ce corps que je ne connaissais plus… Je le découvrais à nouveau, des fourmis dans le bas du ventre, comme je n’en avais pas ressenties depuis trop longtemps. Plus de craintes, plus de peur, seulement un abandon profond et des baisers fougueux qui nous enflammaient tous les deux.
Mon corps tremblait de plaisir, ma peau suait de bonheur et mon être jouissait de partout. Je m’abandonnais complètement, lui en moi, lovés l’un contre l’autre. Ma gorge asséchée par le bonheur de se goûter à nouveau.
C’était si bon, si tendre, si intime, à nouveau, nous étions les amoureux, là, l’un pour l’autre, l’un contre l’autre.
Juste lui et moi…