Dès la deuxième écho, elles m’ont parlé de percentiles. Ma fille, toute petite, était au troisième. C’était ma première grossesse qui passait le cap des douze semaines et je n’étais pas familière avec tous les termes obstétriques. Comme une note sur cent à l’école, j’en ai déduit que trois sur cent n’était pas une note désirable. J’ai pleuré en ne sachant pas trop pourquoi.

Quand j’ai osé en parler autour de moi, j’ai paniqué. Mes amies déjà mamans m’ont dit ce que toute femme enceinte n’a pas envie d’entendre : que ma fille aurait un problème, une déficience, une différence. À partir de ce moment-là, j’ai eu des échographies toutes les deux semaines jusqu’à ma 38e semaine. Elles me prédisaient un tout petit bébé vu le retard de croissance in utero : quatre livres max. Finalement, ma fille pesait cinq livres quatorze onces à sa naissance. Je la trouvais tout simplement parfaite.

Dès sa présentation à notre entourage, les commentaires sur sa taille ont commencé. L’anxiété que je vivais durant la grossesse s’est perpétué post-partum. Eh oui, troisième percentile, puis après? Les gens me rappelaient constamment la petite taille de mon bébé. À mes yeux de nouvelle maman émerveillée par l’être récemment expulsé de mon vagin, je la trouvais parfaite. Je ne comprenais pas en quoi elle était différente de celui qui était au 98e percentile? Est-ce vraiment une compétition de qui est le plus proche du centième?
                   
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Les percentiles sont essentiels pour pouvoir avoir une idée de comment notre enfant se développe et suit SA courbe de croissance. Cependant, sorti de chez le médecin, c’est une question récurrente et irritante qui alimente la saine compétition entre parents. J’en ai plein mon casque qu’un parent se pète les bretelles en vantant le percentile de son bébé. Dude, ce n’est pas un examen du ministère, c’est la taille de ton enfant. Pouvons-nous arrêter de nous créer des angoisses et des problèmes en voulant constamment nous mettre des faux objectifs à atteindre? Ma troisième, maintenant devenue quinzième est toujours autant fantastique, point final.