Depuis hier soir, je réfléchis à comment amorcer ce billet tant je suis en dehors de moi à cause de la situation que j’ai vécue dans la journée.

Mise en contexte
Le papa de mon deuxième garçon et moi venons tout juste de nous séparer #EnBonsTermes #C’estLaVie #PersonneNeSeHait. Et pour plein de raisons qui nous appartiennent, c’est moi qui ai décidé de me trouver un nouveau chez-moi où emménager avec ma sympathique ménagerie : mes deux garçons en garde partagée et une adorable basset(te) d’amour, et ce, le plus tôt possible, genre.
 

C’était l’image de mon annonce Kijiji!
Crédit : Emilie Sarah Caravecchia 

 

La recherche de l’appart
J’épluche Kijiji, me crée une annonce Facebook rigolote (Humour noir, quand tu nous tiens), me dis que je pourrais me faire une annonce Kijiji, la fais. C’est parti mon kiki! Je commence les visites, des loufoques, des franchement sympathiques, des correctes, des je-pourrais-faire-avec. Je parle avec beaucoup de gens au téléphone. Mes amis m’envoient des tonnes de propositions d’appartements #LaMagieDeFacebook.
 
Jusque là, tout est bien… jusqu’à une certaine visite où je clique bien avec la propriétaire même dans mon anglais endimanché. Après lui avoir donné toutes mes infos, mes références et lui avoir montré mon dossier de crédit (je l’ai, c’est pratique), qu’elle m’ait conté sa vie, deux fois, elle me dit, mal à l’aise, sur le pas de la porte (après s’être serrées la main), que le seul truc qui la bogue « it’s… you know… it’s because you have children. You know... They’re young… »

La locataire du rez-de-chaussée est chialeuse et bla, bla, bla… ASTIE! Je garde mon calme, mon sourire, t’sais, je le veux, cet appart. Il est à six minutes de marche de l’école de mon grand et à quatre minutes du métro. Je lui (re)dis que je suis la meilleure locataire qu’elle n’aura jamais eue et tout mon baratin. À ce moment, je n’ai toujours pas parlé de ma basset(te). En fait, je n’en aurai même pas le temps.
 
Coup de fil vers 17 h, mon répondeur prend le message : elle est « soooo sorry... » elle me « wish good luck » pis toute, son mari a loué l’appart à une amie de leur fille. F*CK YOU! C’est ce que je lui aurais dit si j’avais pris l’appel. En fait, c’est peut-être mieux que j’aie manqué l’appel.
 
JE L’AI VÉCU! ON M’A REFUSÉ UN LOGEMENT PARCE QUE J’AI DEUX ENFANTS.
Parce que j’ai des enfants! Pas parce que je ne suis pas solvable (je suis prof de cégep, permanente, j’ai un dossier de crédit impeccable), pas parce que je n’ai pas de références (mon proprio des trois dernières années m’en faisait sur un plateau d’argent). Mais bien juste parce que j’ai des enfants! Des êtres humains qui ont besoin d’un toit au-dessus de leur tête. Genre un droit de base garanti par la Charte des Droits. Câlisse!
 
Dans ma vie de chercheuse de logements
J’ai toujours fait attention de ne pas mentionner mon nom de famille avant la signature du bail. Au téléphone, à moins de parler avec des Italiens, mon nom n’inspire pas confiance quand le futur proprio ne peut pas en déchiffrer l’origine ethnique. Des logements libres étaient soudainement pris et libres à nouveau quand quelqu’un d’autre appelait. #LolPasLol Ça, je l’ai surtout vécu à l’extérieur de Montréal.

Reste que je ne suis pas la plus à plaindre
En écrivant ceci, je ne peux m’empêcher de penser à la discrimination que vivent tous les autres qui sont discriminés au premier coup d’œil ou d’oreille : les racisés, les handicapés, ceux qui ont un accent étranger, les « trop » tatoués, etc. Et imaginez quand vous multipliez les éléments discriminatoires! J’ai bien de la chance d’être une femme blanche, d’âge moyen, mince, professionnelle, instruite, name it. Mais... j’ai des enfants et un nom de famille qui n’est ni francophone ni anglophone.
 
En en parlant pétant ma coche sur la Communauté des TPLMoms, nous avons été plusieurs à relater nos expériences de refus pour la raison aussi invraisemblable soit-elle que d’avoir des enfants : Josiane et plus récemment Pauline (elle, elle a essuyé cinq refus parce qu’elle était enceinte) l’ont aussi vécu.
 
Ce qui est le plus délirant, c’est que c’est surtout ILLÉGAL de refuser un logement à cause des enfants. Mais la discrimination va bon train, car le système est ainsi fait et que ça prend des années pour obtenir réparation si l’on s’estime victime de discrimination au logement. Pour faire une plainte, il faut passer par la Commission des droits de la personne et de la jeunesse et c’est si long et énergivore que les gens abandonnent. Moi, je ne la ferai pas, pas d’énergie pour ça en ce moment. Mais si vous êtes curieux, voici une autre histoire similaire relatée dans Le Soleil, il y a deux ans.
 
Mon histoire se termine bien 
Quelque deux heures après avoir reçu la gifle du refus, j’avais un message me disant qu’un superbe 4 ½ n’attendait que moi et toute ma ménagerie (chien-chien inclus!). Je vais signer le bail d’ici les prochains jours. J’en suis trop heureuse!

Mais dans l’intervalle, je me suis sérieusement dit que je pourrais, lors des prochaines visites, omettre de dire que j’ai des enfants… Ouain… J’en étais là, à l’omission d'une information que je ne suis de toute façon pas obligée de dévoiler, le fait d'avoir des enfants.
 
Avez-vous vécu des expériences de discrimination au logement? Comment l’avez-vous vécu?

Quelques liens intéressants pour approfondir le sujet
FRAPRU
Commission des droits de la personnes et des droits de la jeunesse