J’avais envie de vous parler d’une réflexion que j’ai eue récemment. Dans la vie, un de mes plaisirs coupables est d’écouter Say Yes To The Dress. Haha. Pour celles qui ne sont pas familières avec cette émission, c’est un concept américain où des femmes magasinent leurs robes de mariées dans un magasin ultra-chic de New York. Pis, évidemment, il y a toujours du drama!

Dans cette émission, la plupart des futures mariées affichent ouvertement une attitude de marde bébé gâtée : elles sont peu courtoises, impatientes et facilement contrariées. Même qu’elles se proclament elles-mêmes divas. Mais t’sais, c’est correct, parce que leurs familles et ami.e.s savent qu’elles sont princesses. C’est drôle, parce que j’ai l’impression que si un homme adoptait une attitude similaire, il passerait indéniablement pour un trou de cul. 

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Il y a quelques semaines, je suis allée à un rendez-vous avec ma fille de 9 mois. Elle a, bien évidemment, choisi le moment où la salle d’attente était bondée pour me faire une belle crise du bacon. Au moment où je partais avec ma bête hurlante, une dame m’a lancé un « Elle est tellement belle, votre princesse! Ça excuse sa crise! » J’ai pris l’ascenseur, perplexe. 

Sur le chemin du retour, je me suis mise à faire le parallèle entre l’émission Say Yes To The Dress et le commentaire de la dame dans la salle d’attente. Cela m’a amenée à me questionner quant à la manière dont on intervient, en tant que parents, lorsque nos enfants font une crise du bacon, boudent, tapent du pied ou tirent la langue. Pourquoi est-ce que j’ai l’impression que ces comportements « passent mieux » s’ils sont adoptés par une petite fille? Autrement dit, il serait plus socialement acceptable pour une petite fille d’agir de la sorte parce que, t’sais, elle a le droit, c’est une princesse. Princesse. Diva. Ces mots qu’on retrouve sur la moitié des vêtements pour fillettes en magasins. 

C’est ancré bien profond dans nos perceptions : fille = princesse. Hmm. Je me demande bien d’où provient ce lien. Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, je savais que je n’étais pas tout à fait à l’aise que les gens appellent ma fille « princesse » ou lui offrent des vêtements portant ce mot, mais je ne pouvais pas mettre le doigt sur la raison. Ce qui m’inquiète, c’est que ce terme soit devenu banalisé, que nous pensons que nos filles ne seront pas affectées par les messages qu’elles reçoivent. Ces messages qui mettent seulement l’accent sur le fait d’être jolie. Quand on essaie de se mettre à la place d’une petite fille, on se rend compte des proportions que ça peut prendre. Évidemment, je ne veux pas dire ici que toutes les petites filles qui portent des chandails « princesse » ont des comportements reprochables, mais plutôt que d'être jolie ou cute ne devrait pas être une raison d’excuser un comportement inadéquat.

Ma fille est une fille. Une femme en devenir. La lutte contre le sexisme, ça sonne vraiment big, mais ça commence par des trucs aussi banals que d’avoir les mêmes attentes envers le comportement des petites filles qu’envers celui des petits garçons. 

Alors, à toutes les madames que je croise à l’épicerie ou au centre commercial et qui me demandent pourquoi ma fille porte un bandana noir alors qu’elle est une princesse, je réponds : « Ma fille n’est pas une princesse, elle est une pirate! »