Un petit vendredi tranquille, des emplettes à faire au Dollo, une petite fille de 4 ans qui a minutieusement choisi quatre ou cinq articles, un papa qui refuse de les acheter, la petite fille qui éclate en sanglots et la phrase qui allait me hanter sortit alors de la bouche du papa : « Mon Dieu que j’suis pu capable de cet enfant-là! »…
Crouch. C’est le son que mon cœur a fait quand il s’est brisé à ce moment-là. Pauvre enfant. Oui, je comprends que le papa en avait peut-être plein son casque en cette fin de journée, mais est-ce une raison pour presque hurler cette phrase en plein milieu du magasin? Je ne vous dis pas le malaise qui a suivi, évidemment. Il a pris brusquement sa fille dans ses bras, a laissé ce qu’il était venu chercher sur le comptoir et est sorti. La honte, sûrement. J’étais comme en état de choc, sidérée par cette violence. Sidérée aussi de n’avoir rien fait, je pense.
Aurais-je dû intervenir? J’ai pris pour acquis que la petite allait être ok, que la colère de son papa était passagère. Je n’arrête pas d’y penser depuis… À quel moment doit-on intervenir lors d’une situation semblable? Est-ce au moment où l’on trouve, selon nos barèmes, que le niveau acceptable est dépassé? Parce que mes valeurs ne sont pas les mêmes que les siennes, ça me donne le droit d’intervenir? Je ne sais pas, je pose la question.
Je me dis que si sa réaction me bouleverse encore autant après tout ce temps, c’est que j’aurais peut-être dû dire quelque chose… Je souhaite que cet événement ne fût qu’un trop-plein du papa et que sa douceur ait repris le dessus une fois sorti du magasin… Reste que ce bref moment me fait me questionner sur le rôle que j’aurais pu y jouer…
Et parce que la vie s’arrange toujours pour bien équilibrer les choses, je suis allée à la fête des enfants de mon meilleur ami samedi… De voir autant de bonheur dans les yeux de tous les petits présents m’a mit un baume. Ça m’a aussi permis de voir que j’ai un petit impact positif dans la vie des enfants qui m’entourent et que j’ai la chance d’être entourée d’amis-parents qui savent demander de l’aide quand ils en ont besoin et qui savent s’entraider. C’est beau. Et surtout, c’est sain!