C’est connu, les tentatives d’entente entre frères et sœurs se révèlent parfois souvent désastreuses. Ayant trois frères plus vieux, j’ai beaucoup souffert d’être douée d’un caractère responsable et maternant. Étant la plus jeune, je me voyais réaliser les mêmes tâches (et plus!) que les plus vieux. Ce n’est pas la seule chose que j’ai trouvé difficile dans mon enfance.
 
Dans mon historique fraternel, mes pires déboires ont été liés à mon aîné. Chatouillements forcés lorsque j’avais cinq ou six ans (T’sais, les deux autres me tenaient pis l’autre me chatouillait, je sais pas pourquoi je déteste me faire chatouiller aujourd’hui), insultes répétées (Pas besoin de les répéter ici), etc. J’ai déjà consulté tellement c’était atroce pour moi, cette dynamique familiale. Je souffrais mentalement et je ne savais pas quoi faire pour améliorer les choses.
 
Évidemment, je pouvais me confier à ma grand-mère… Quand j’allais chez elle, j’imagine qu’elle prenait de mes nouvelles, puisque je me souviens de ce qu’elle me disait le plus souvent. Elle me disait que mon aîné et moi ne nous entendions pas parce que nous étions pareils, tous les deux. QUE-WA? Cette simple idée suffisait à me faire sortir complètement de mes gonds! Moi? Pareille à lui? IMPOSSIBLE! Il n’y avait pas une insulte qui aurait pu me choquer davantage.
 
Et pourtant…
 
Pourtant, lorsque mon frère a quitté la maison, tout doucement, nos échanges se sont faits sous le coup de la douceur. « Te rappelles-tu, quand on partageait notre chambre, nos petits jeux, le soir? Et puis cette émission de télévision? Trop bonne! Et ceci, et cela…? »
 
Je me rappelle avoir discuté près de trois heures avec lui ce soir-là. Il me vient aussi le doux souvenir de cette fois où il m’a sortie au restaurant, puis amenée faire une balade en voiture. Ce sont nos premiers pas dans le monde de la maturité, de la vie d’adulte.
 
J’ai partagé un appartement avec mon frère aîné. Nous nous sommes fait des confidences. Nous avons pleuré des êtres aimés ensemble. Il m’a vue obtenir mon baccalauréat, je l’ai vu devenir papa.
 
J’ai été sa complice lors de ses fiançailles. Il m’a fait l’honneur de me nommer marraine de son aînée. Je l’ai vu changer d’emploi pour être plus heureux. Il aime mes beaux-fils comme un oncle.
 
Nous avons évolué, grandi. Je l’avoue, je l’aime du plus profond de mon cœur. Je l’aime pour ses projets, pour son implication, pour le choix de la femme de sa vie.
 
Mon frère, cette âme avec qui j’ai tant en commun, finalement. Je repense souvent à ma grand-mère et je ne peux m’empêcher de me dire : « Tu avais tellement raison, ma Mémé d’amour… »
 
Avez-vous une relation privilégiée avec vos frères et vos sœurs?