Je crois qu’il y a une crainte générale chez tous les parents d’enfants qui s’apprêtent à commencer l’école. Une appréhension de voir leurs rejetons quitter le confort de la garderie pour ce grand monde inconnu qu’est l’école. Changement de routine, changement de personnel et un tas d’enfants qu’ils ne connaissent pas. Je ne me rappelle plus le nombre de fois où j’ai dit que je souhaiterais mettre mon fils dans une bulle géante, à la Bubble Boy, afin de le tenir loin du monde extérieur.
De mon côté, avec l’intimidation dans les écoles, je trouvais ma peur rationnelle et à peine exagérée, et j’avais raison. La maternelle et la 1re année de Fiston ne furent pas de tout repos. Il a eu droit à toute la gamme des émotions en raison de l’intimidation qu’il a subie. Et pas d’élèves plus grands de 6e , nenon, d’enfants de maternelle et de 1re année.
Des menaces, des « T’es laid! », « T’es dégoûtant! », des tentatives de déchirer ses photos d’école et de détruire sa photo de grand lecteur affichée dans l’école, une amie (si on peut dire) qui l’agrippe à la gorge, des « T’es gay! » parce qu’il avait du vernis à ongles sur une main, des attroupements d’élèves qui voulaient lui faire du mal. Fiston qui ne veut plus aller à l’école. T’sais, le pire cauchemar d’un parent? Heureusement, dans toute cette spirale de violence, mon fils a eu la chance d’avoir un enseignant incroyable en qui il a pu trouver un allié qui le supporte.
Mais on ne se fera pas de cachette, ça a été deux années mouvementées. Pour lui. Pour moi aussi. Nous voulons tous le meilleur pour nos enfants et nous voulons les protéger. Ne pas être près de lui, ne pas pouvoir le protéger, j’ai trouvé ça terriblement difficile. Mon Fiston est un garçon gentil qui aime tout le monde et qui sait, à l’instar d’autres enfants, très bien exprimer ses besoins et ce qu’il aime ou pas, ce qui le rend mal à l’aise ou inconfortable également. J’ai réalisé à quel point c’est confrontant d’avoir un enfant de 6 ans et trois-quarts capable de s’exprimer comme certains adultes dans un monde où d’autres apprennent encore à le faire. C’est ce qui est beaucoup ressorti des nombreux appels et rencontres avec le directeur et la travailleuse sociale.
Nous venons tout juste de déménager, ce qui veut dire que Fiston changera d’école. Soupir de soulagement? Pas vraiment. Plus la rentrée scolaire approche, plus mes peurs et mes angoisses prennent de la place. Je ne peux pas m’empêcher de me demander comment ça se passera. Est-ce que l’intimidation reprendra de plus belle? Est-ce qu’il sera capable de se faire d’autres amis? Allons-nous devoir revoir la direction et la travailleuse sociale? Mon doux, j’espère que non! Mon fils passe une partie de l’été chez son papa et il n’est toujours pas revenu. D’ici là, je me gère, car je ne veux pas lui transmettre mes peurs. Allô le travail qui s’annonce à son retour. La dernière chose que je veux, c’est qu’il prenne toutes mes peurs et mes angoisses sur ses petites épaules.
Au-delà de tout ça, je trouve ça quand même dommage, voire un peu effrayant, d’avoir peur que mon fils recommence l’école dans un nouvel établissement à cause de l’intimidation. Nos enfants devraient se sentir à l’abri dans leur école, pas comme si nous les jetions dans la gueule du loup chaque jour.
J’ai hâte à ce jour où, en tant que société, nous trouverons des solutions durables et efficaces afin de briser cette violence psychologique qui règne chez nos enfants et adolescents. C’est notre devoir, pas seulement en tant que parents, mais en tant qu’adultes, de prévenir et stopper l’intimidation.
Avez-vous vécu quelque chose de similaire avec vos enfants? Avez-vous déjà ressenti cette peur aussi?