Ceux et celles qui me connaissent bien savent combien j’étais pudique avant d’avoir ma fille. Je fais de la natation depuis que je suis petite et je peux vous assurer qu’aucune femme ne m’a vue toute nue dans les vestiaires. J’ai longtemps allaité mon fils en public, le plus souvent avec une petite couverture pour ne pas montrer mes seins à tout le monde.
Or, il arrivait parfois que le petit refuse la couverture. Ou qu’il gigote. Ou qu’il fasse trop chaud. Ou qu’il tire sur la couverture et qu’elle tombe. Ou qu’il entende un oiseau et décroche subitement. Et oh my god, mes seins ont été exhibés.
Des fois on ne voyait presque rien, d’autres fois, j’ai flashé l’univers avec ma poitrine. On a pu voir mes seins dans des parcs, dans des cafés, dans des aéroports, dans des galeries, dans des musées, dans le transport en commun, sur des bancs en plein milieu du trottoir, bref dans l’espace public. Quelques années plus tard, j’ai eu une fille et depuis, je ne me cache plus. Comme elle n’a pas encore 3 mois, je dois l’allaiter tout le temps souvent. Je le fais en public, sans me couvrir. Tant pis si on me voit.
Dans mon quartier à Montréal, je suis habituée à recevoir des sourires bienveillants ou une douce indifférence. Mais voilà que je reviens d’une fin de semaine en famille aux États-Unis. Là, les regards désapprobateurs des quidams ont fait irruption presque chaque fois que j’ai allaité en public. Et ce, à quelques jours de la semaine mondiale de l’allaitement, célébrée maintenant en Amérique du Nord. #Ayoye
Avec le temps, j’ai donc passé, malgré ces épisodes désagréables, de tenter de me cacher à volontairement ne pas me cacher lorsque j’allaite en public. Mais en fait tout cela, ça ne change rien. C’est mon corps. Que je choisisse ou non de le cacher, ça ne regarde que moi. Mes seins, comme ceux de toutes les mamans, ne sont pas des objets sexuels qui appartiennent aux passants ou des ornements faits pour plaire (ou pas) au public en présence.
Bref, les femmes peuvent vivre leur maternité et ce que ça implique pour elles sur leur corps dans le domaine public, si c’est ce qu’elles veulent. Nous avons le choix : d’allaiter ou pas, d’allaiter en public ou pas, de nous couvrir ou pas. Exiger par les paroles ou les regards désapprobateurs que les femmes qui allaitent le fassent dans une si grande discrétion, qu’elles évitent absolument et en tout temps de révéler des seins, peut revenir à les enfermer à la maison. Et ça, c’est profondément antiféministe. J’ai vraiment hâte au jour où on ne dira plus aux femmes quoi faire de leur propre corps.
En attendant, grâce à la contribution des copines de TPL Moms, voici une galerie de nous qui allaitons. En public ou pas, couvertes ou pas, avec des témoins ou pas. Parce que c’est notre choix. #SemaineMondialeDeL'allaitement
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