Notre relation a commencé dans une toilette d’école secondaire à la fin des années 80. Je me souviens que la première chose que je me suis dite c'était : « Ah non, pas déjà! ». Ça ne commençait pas bien! J’avais aussi calculé que si j’avais 4 ou 5 enfants, je pourrais me sauver de 4 ou 5 ans de menstruations...

Au cours des trois décennies suivantes, notre relation a été plutôt tumultueuse. À croire qu’il faisait tout pour me rendre la vie plus compliquée et pour me faire sentir mal chaque fois que je me sentais trop en forme. Sans entrer dans les détails, grâce à lui, j’ai découvert les évanouissements, les chocs vagaux, l’anémie, les migraines, les maux de ventre, etc. Rien qui pourrait m’aider à apprécier sa présence dans ma vie!

Le jour où mon horloge biologique a sonné, je me suis dit que c’était enfin sa chance de m’être utile. Je n’avais pas trouvé l’Homme, mais, pour moi, pas question de passer à côté de mon rêve d’enfants. J’ai appelé à la clinique de PMA (procréation médicalement assistée) pour passer à l’action. En lisant les résultats de mon bilan sanguin, le docteur m’a affirmé qu’il n’y aurait aucun problème et que je devrais réussir assez vite. Au bout de plusieurs essais infructueux et de deux fausses-couches, nous avons pris la décision de passer à l’étape ultime : la FIV. Cette fois encore, le docteur plein d’espoir m’a prédit que ça fonctionnerait sans problème. Il m’a même mis en garde que s’il plaçait deux embryons, j’allais avoir des jumeaux... Mais non, rien à faire! Mon utérus inhospitalier avait décidé que je ne lui imposerais aucun locataire, jamais! Il a rejeté tous ceux qui ont essayé de faire leur nid au cours des quatre ans que mes essais ont duré!

 

Un jour, j’ai compris!

J’ai décidé que je me passerais de ses services, je serais une maman adoptive. Quel soulagement j’ai ressenti de pouvoir me dire que les délais seraient longs et que je devrais m’occuper d’une foule de paperasse, mais qu’on bout du compte je pourrais accueillir un petit être dans ma maison et dans ma vie. Je ne pourrai jamais savoir si c’est un peu de mon héritage génétique ou une conséquence d’avoir pris des hormones pendant des années, mais à partir du moment où j’ai décidé de me passer de ses services, ce cher utérus s’est mis à me rendre la vie impossible : saignements pendant des semaines ou à des moments aléatoires, saignements trop abondants, anémie sévère et évanouissements. Je l’ai enduré pendant que j’étais occupée avec mes démarches d’adoption, mais un jour, je suis allée voir mon médecin de famille pour lui dire que je n’en pouvais plus.

Après une série de tests et une attente de plusieurs mois, j’ai reçu avec soulagement la nouvelle que je n’aurais plus à endurer ses humeurs. Nous allions devoir continuer de vivre dans le même corps encore quelques années, mais un chirurgien pouvait brûler mon endomètre. Il me confirmait que 90 à 95 % de ses patientes n’avaient plus de saignements. C’est fini! Je suis tellement soulagée!

Nous étions mal assortis depuis le début, lui ne voulait pas d’enfants et pour moi, c’était la chose la plus importante. La séparation était inévitable!