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La journée où j’ai oublié de respirer
Crédit: Pablo Robles/Unsplash

Mon fils est né un lundi. J’ai dû consentir à une césarienne puisque Monsieur se présentait par les fesses. T’sais, même quand tu es une excellente candidate à la version, mais que bébé se rebiffe in utero. Pas encore né et déjà il n’en faisait qu’à sa tête! J’ai fait rire ma gynécologue en lui révélant que je connaissais la raison de l’échec de ma version. « T’sais, un gars, ça demande jamais son chemin! » On a bien ri. Césarienne planifiée ce serait.

Une fille un brin « gère-mène » enceinte de 40 semaines qui a quelque chose en tête, vous ne voulez pas vous opposer à elle. Vous ne pouvez juste pas. Vous ne voulez pas non plus malencontreusement bloquer sa toilette, mais ça, c’est une autre histoire, que je vous raconterai plus tard. J’allais faire tout en mon pouvoir pour gérer ce qui était humainement gérable. Parce qu’il fallait ben que mon stress passe quelque part, alors aussi bien être productive. Je m’étais investie d’une mission.

Crédit : Giphy

La césarienne m’angoissait au plus haut point, même si je m’étais fait un point d’honneur de ne pas y penser, de ne pas lire sur le sujet plus qu’il fallait, de ne pas poser de questions sur le sujet (ok, quelques-unes, mais à d’autres mamans qui étaient passées par là avant moi). Déjà que j’ai un petit peu le « syndrome de la blouse blanche », après deux accouchements par voie naturelle, mon dernier enfantement se ferait sur une table d’opération. Froide. Aseptisée. Par ma gynécologue adorée. Au moins. Elle en avait vu d’autres.

Jour J. Début de mon planning de ministre. Mission accomplie. La petite Germaine était aux anges.

Césarienne réussie, maman se remet bien et bébé est parfait. On retourne à la maison deux jours plus tard. Et on reprend le cours de la vie normale. Y’a du linge à plier, des jouets à ranger. Un nouveau-né à cajoler. Le train-train quotidien quoi.

Le vendredi, visite de l’infirmière du CLSC.
– « Ça va bien madame! Vous avez l’air en forme! »
– « Oui oui, ça va. »

Crédit : Giphy

Et puis, savez-vous quoi? J’avais tout faux. S’oublier au profit des autres, s’oublier pour ne pas faire de peine aux enfants, s’oublier et oublier de respirer. Même mon conjoint trouvait que j’y allais fort. Mais il me l’a avoué bien plus tard, il avait peur de recevoir un coup de poing dans le front.

J’ai repris le chemin de l’hôpital cette journée-là. Pas pour le début de jaunisse de mon fils, mais bien pour moi. Un comprimé d’antidouleurs pris parce que j’avais peur d’avoir mal avait fait monter ma pression en flèche, j’ai donc repris mon sac avec les nécessités de base, direction l’urgence.

Je ne ressentais plus rien, j’étais dans un état second. Ma pression dans le plafond me faisait vibrer de l’intérieur. C’est durant ce long moment de réflexion, seule (avec fiston) dans ma chambre d’hôpital, que j’ai compris. C’est mon corps qui essayait de rejoindre mon cerveau… Quand la messagerie de votre corps est pleine, ça sonne pis ça sonne pis ça sonne pis ça répond pas. Rien à faire, j’avais égaré mon cellulaire corporel et mon corps était en mode vibration. Fait cocasse : j’ai su que j’allais mieux quand mes oreilles sont redevenues normales. Pendant deux jours j’ai eu les oreilles rouges et enflées. Allô le message corporel : « Tu t’écoutes pas Joe-Bine! »

Et si c’était à refaire, je ne changerais rien. Je considère que c’était une expérience (éprouvante) à ajouter à mon bagage de vie.

Avez-vous déjà eu à gérer un manque de communication entre votre corps et votre cerveau?

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