J’aimerais te dire que c’est correct. J’aimerais te dire que tu n’es pas seule. J’aimerais te dire que je te comprends, vraiment. Je ne l’ai pas écrit moi non plus et ça me perturbe tous les sentiments qui se bousculent dans mon corps. Sache que…
 
Tu ne manques pas de courage! La seule personne qui a manqué de courage pour être un humain digne de ce nom, c’est la personne qui t’a harcelée ou agressée sexuellement. La seule personne qui a manqué de courage, c’est celle qui en a été témoin sans agir ni dénoncer.
 
Tu ne manques pas de solidarité! Le mouvement vise à démontrer au grand jour l’amplitude du problème et pour ce faire, il compte sur la participation des victimes. Je suis vraiment reconnaissante à toutes ces femmes qui l’ont fait, puisque la déferlante de #MeToo sur les réseaux sociaux a déjà atteint cet objectif. Ne te mets pas de pression supplémentaire si tu ne t’en sens pas capable. Tu peux démontrer ton soutien en étant présente et disponible pour tes amies qui se sont exposées en mettant leur hashtag.
 
Tu n’as pas à te justifier! C’est un choix personnel, c’est ta vie, ton passé. Il t’appartient à toi uniquement de déterminer ce que tu veux bien en partager et ce que tu préfères garder pour toi ou pour un cercle d’intime bien choisi. S’afficher publiquement ainsi, c’est certainement libérateur pour plusieurs, mais il faut aussi accepter que pour d’autres, c’est se mettre dans une position vulnérable et se replonger dans des souvenirs perturbants, parfois insoutenables.
 
Tu n’es pas une moins bonne féministe! Il y a plusieurs autres façons d’agir concrètement contre la culture du viol, tel qu’en dénonçant les situations inacceptables dont tu es témoin et en partageant des articles informatifs et éducatifs sur le sujet. Lutter au quotidien pour l’égalité des femmes et des hommes devrait être un devoir citoyen pour tous et ce faire, dans l’acceptation et la reconnaissance de ses capacités et ses limites.
 
Ton silence public n’invalide pas ton vécu! Que tu partages ou pas ton histoire, ce ne sera jamais moins vrai, moins douloureux, moins important pour autant. Il n’y a pas de hiérarchisation de la souffrance qui se valle. Ton histoire compte. Tu comptes. Et n’oublie jamais, que si un jour tu te sens prête à la partager, il y aura toute une communauté de belles humaines prêtes à te prendre dans leurs bras.
 
Je n’ai pas écrit mon hashtag et pourtant… j’aurais pu, j’aurais voulu. Peut-être une autre fois, mais pas cette fois.

#MeToo