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Quand l’agresseur est aussi la personne qui partage votre vie
Crédit: Alexander Possingham/Unsplash

J’ai longtemps trouvé le terme « viol conjugal » très dur. J’ai réalisé récemment que c’était probablement parce que je l’avais vécu. Moi qui pourtant semblait se dire que le terme était exagéré et ne représentait pas ma situation. Parce que t’sais, on s’aimait. Il ne pouvait pas me violer s’il m’aimait, right?

Il lui arrivait d’être insistant. Très même. Ça me turnait off, de le voir s’approcher de moi uniquement pour me baiser, alors que j’étais sur le point de m’endormir. Puis une partie de moi se disait que ça faisait une ou deux semaines que nous n’avions rien fait, alors je finissais par dire oui, pour me donner la conscience tranquille. Après, je me sentais sale, mais la vie continuait.

Puis, il m’est arrivé de me réveiller parce qu’il était entrain de me pénétrer. Au départ il disait qu’il ne s’en rendait pas compte. Possiblement qu’il souffrait de sexomnie. Et ça a continué. Il semblait de plus en plus conscient de ses gestes. J’étais dégoûtée. Je me sentais dégueulasse.

J’avais de moins en moins envie de faire l’amour. Je me sentais comme un déversoir à sperme. Je lui disait et il me répondait que c’était ridicule.

Les dernières fois que nous avons eu des relations sexuelles, c’était parce qu’il était plus qu’insistant. Je savais qu’il ne lâcherait pas le morceau. Il boudait et faisait du chantage. Je me sentais coupable. J’ai encore fini par dire oui, à contre-coeur. Je lui ai dit « fais ce que tu as à faire » et j’ai fait l’étoile. J’espérais secrètement qu’il réalise l’ampleur de la chose et change d’idée. Non, il m’a baisé alors que je regardais le plafond.

Crédit : Giphy

Je me suis longtemps sentie mal. Je me disais que c’était de ma faute. S’il insistait autant, c’était à cause de mes refus, non? Qu’il avait des besoins à combler. Puis, j’ai réalisé que s’il m’aimait et me respectait autant qu’il le disait, non il ne me ferait pas ces choses-là. Il ne me mettrait pas autant de pression. Il ne me pénétrerait pas pendant mon sommeil. S’il m’aimait, il me donnerait le goût, plutôt que de me forcer dans une relation sexuelle.

Moi qui croyais que ma libido était une histoire du passé, j’ai compris que le problème n’était pas là, mais bien dans la façon dont mon partenaire me traitait. Il ne respectait pas mon épuisement, mon consentement ni mon corps. J’avais encore des envies sexuelles, mais plus envers lui.

Je l’ai quitté. J’ai porté le blâme d’avoir brisé notre famille. Je me suis encore une fois sentie coupable. Par contre, maintenant je réalise que ce n’est pas moi qui ait causé tous les torts. J’aurais aimé réaliser tout ça plus tôt. J’aurais aimé qu’il le réalise lui aussi.

Maintenant, je dois réapprendre à faire confiance à la personne qui dort à mes côtés. J’ai certaines réactions qui me font réaliser que j’ai développé certains traumatismes, que j’ai été plus affectée que je souhaiterais me le faire croire. Ce n’est pas toujours facile. Par contre, en me sentant respectée, ça facilite les choses.

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