J’ai peine à croire que j’ai déjà été une Steph téméraire qui ne semblait jamais avoir peur de rien (sauf des souris) et qui fonçait dans la vie en ne se souciant que rarement des dangers. Cette Steph est long gone. C’est comme si toute cette insouciance a disparu en même temps que les muscles de mon périnée.
Pour vous mettre en contexte, au début de ma vingtaine, j’ai décidé de tout lâcher ce que je faisais pour devenir agent de bord.
J’ai exercé ce métier durant six mois, mais durant toutes les fois où j’ai pris l’avion, je n’ai jamais eu peur. J’avais des fous rire durant les pires zones de turbulence, je clanchais les exercices d’évacuation comme si j’étais à la Ronde et j’écoutais Mayday sans penser aux dangers qui me guettaient réellement.
Aujourd’hui, je peux vous dire que la situation a fait un gros 360. En février dernier, nous avons pris l’avion pour un séjour en Floride et j’ai braillé tout le vol de retour parce que ça brassait un tout p’tit peu, t’sais. J’ai fait une crise d’anxiété le week-end dernier alors que je devais prendre l’avion pour aller à New York avec ma mère en guise de cadeau pour mon anniversaire. Voyons donc!
J’essaye tant bien que mal de rationnaliser mais plus j’y pense, plus je capote. C’est simple, depuis que j’ai des enfants, j’ai toujours peur.
Peur de manquer à l’appel, qu’il m’arrive quelque chose, peur de …
J’ai commencé à éviter les foules, je check derrière mois quand je marche, je barre les portes, j’garde une veilleuse toujours allumée au cas, j’capote dès que j’entends un bruit louche, je grince des dents et j’dors un oeil ouvert. Des fois, je m’ennuie de mon insouciance, celle qui me permettait de lâcher mon fou et d’avoir une soirée sans soucis. C’est quasi impossible maintenant d’arrêter mon hamster. Il roule non stop dans sa p’tite roue. Il roule dans le vide en direction de nulle part et pour absolument aucune raison. Il ne s’essouffle jamais, jamais, jamais.
Je suis rendue craintive. Je pense que ma peur est légitime et que je ne pourrai pas me battre contre elle ad vitam aeternam. C’est un peu comme le sommeil qui n’est plus pareil depuis que je suis maman. Je dors sur une oreille, je les entends revirer de bord dans leur petit lit, je passe encore par leur chambre pour les regarder dormir parce que je les trouve parfaites, ces p’tites poulettes. J’ai peur, pour tout, tout l’temps, pour elles, pour moi parce que, c’est tout.