En néonat', une infirmière m’aide à prendre mon fils malgré tous ses fils et à le mettre au sein. J’ai de la chance, mes deux gars savent déjà ce qu’ils ont à faire pour boire! Mais comme de vrais juju identiques, ils sont déjà synchronisés dans leur faim… ce qui veut dire que Maman devra se séparer en deux pour ce marathon d’allaitement.

Mes deux garçons réclament le sein aux 2-3 heures et la tétée peut durer de 30 à 40 minutes. On m’interdit d’entrer mon bébé en santé dans l'unité néonatale, et celui de néonat' ne peut pas sortir de là, alors on oublie l’idée de les nourrir en même temps. Mais ils ont faim en même temps!

Je fais donc des aller-retours entre les deux endroits sans arrêt. J’allaite dans ma chambre et j’y reste jusqu’à ce que l’infirmière de l'unité néonatale m’appelle pour me dire que l'autre bébé a faim. Et quand je suis en néonat', c’est mon chum qui m’appelle pour me dire que celui qui est dans notre chambre a faim.

Je me suis vite butée à un autre problème. Outre la synchronicité de leur faim, le colostrum que produit un sein n’est pas suffisant pour la faim de chaque bébé. Quand on n’a qu’un seul bébé, on peut lui offrir les deux seins en alternance, afin de bien combler sa soif. Moi, je dois réserver un sein à chaque bébé, sauf que mes garçons ne sont pas comblés après leurs 30 minutes de tétée, et ma montée laiteuse ne vient qu'après 36 à 48 h. Pour moi, il est hors de question de les laisser sur leur faim.

Une infirmière m’a offert de complémenter la tétée par du lait maternisé, et cette solution me convient. Pour moi, il est très important d’offrir mon lait maternel à mes enfants, mais il est hors de question de les affamer parce que mon corps n’est pas encore en production pour deux.

Avant d’accoucher, j’ai suivi plein de formations sur l’allaitement. Et toutes les formatrices m’ont mise en garde contre l’allaitement mixte : « ta production ne sera pas suffisante », « tes garçons pourraient éprouver de la confusion entre les différentes méthodes », « pas de biberon avant 6 semaines, sinon les bébés ne voudront plus le sein ». Je n’éprouve aucune culpabilité à procéder ainsi, car je pense que je comble leurs besoins de la manière qui est la plus gagnante pour tout le monde dans le moment. 

L'important, c'est que mes bébés soient nourris à leur faim!