Je l’ai fait. Je suis partie. Je me suis choisie. Je n’en pouvais plus de penser seulement aux autres. Je me devais de penser à moi, question de santé mentale et physique. J’ai donc écouté le conseil que plusieurs m’ont donné : « Tes enfants ont plus besoin d’une maman heureuse et bien dans sa tête qu’une famille dans laquelle les deux parents sont malheureux. »
J’avais tellement voulu que ma famille traditionnelle fonctionne. Je ne voulais pas que mes enfants souffrent comme j’ai souffert lors de la séparation de mes propres parents. Mais, à bout de souffle, épuisée, le cœur brisé, j’ai pris la décision fatidique.
Mais il se passe quoi après? Il faut s’organiser, décider d’une garde pour les enfants, séparer les meubles, déménager… et pleurer. Ce n’est pas parce que c’est moi qui suis partie que je ne souffre pas. Je doute, je me questionne, je respire mieux, mais pas encore librement.
Monsieur lui ne veut pas de cette situation. Il tente de me convaincre, vient chez moi sans invitation, réussit à lire mes textos, s’enquiert des allées et venues chez moi. Je l’ai quitté physiquement, mais une partie de ma tête et de mon cœur est encore liée à lui. J’ai l’impression de le tromper quand je vois un autre homme, je me sens responsable de sa peine, je me sens coupable pour la douleur qu’il ressent.
J’essaie de noyer mes larmes dans l’alcool, d’oublier mes doutes dans des dates Tinder, de fuir la culpabilité dans l’hyperaction. Je mens à tout le monde, mais surtout à moi-même sur mon état. J’utilise tous les mécanismes de défense à ma disposition. Je m’étourdis, je ferme les yeux, je fais la sourde d’oreille aux émotions ensevelies.
Et un jour, je tombe ; d’épuisement, de tristesse, de ne pas avoir adressé mes émotions, d’avoir continué de vivre pour lui alors que je l’avais laissé pour moi. Ma chute est brutale, je ne quitte plus mon lit, mon corps n’est que souffrance, dans ma tête tout est noir.
Le diagnostic tombe : dépression majeure, arrêt de travail, je ne perçois plus la lumière.
Et je suis rendue là, à demander de l’aide, à mon psy, à mon doc, à mon entourage. Heureusement que j’ai des parents de feu, qui sont toujours là pour me supporter parce que je suis vraiment lourde à porter. À me rendre compte que tout n’est pas ma faute, mais que tout n’est pas de la sienne non plus.
J’ai décidé d’affronter mes démons et de câliner la petite fille en moi. Je veux appendre à m’aimer moi-même et à me laisser aimer. À ne plus dire « oui » quand ça crie « non » dans ma tête…