Il y a quelques mois, j’avais l’idée d’écrire un article pour TPL Moms qui se serait intitulé « Les pincements du regret ». J’y aurais parlé de ces petits moments, qui ne durent jamais très longtemps, où je regrette ma vie d’avant, ma vie sans enfant. J’aurais spécifié que ce n’était pas que je regrette mon choix d’être devenue mère, ou que je n’aime pas ma vie avec mes enfants, mais que c’est juste que des fois, pendant une fraction de seconde, je m’ennuie de la simplicité et de la liberté d’une vie sans enfant. Je m’ennuie des soirées spontanées avec les copains et copines, d’aller voir des shows, de binge-watcher une série en une nuit, ou de partir en road trip d’amoureux sur un coup de tête…
Si j’avais écrit cet article, j’aurais insisté sur le fait que mon regret ne dure jamais qu’un bref instant, et qu’à chaque fois je me sens aussi un peu coupable. Mon réflexe est alors de me raisonner en faisant la liste de tout ce qui me plaît de ma vie de mère, et de me rappeler que l’amour que j’éprouve pour mes enfants est la chose la plus incroyable qui m’ait été donnée de vivre… Mais que quand même, des fois, ils arrivent sans crier gare, les petits pincements du regret.
Je n’ai pas écrit ce texte, il est resté dans les limbes des idées jamais mises sur papier.
Dernièrement je me suis dit que c’était pourtant une bonne idée et que je devrais me mettre à cet article. Et c’est là que j’ai eu une révélation. Je n’arrivais pas à me souvenir de la dernière fois où j’avais ressenti « les pincements du regret ». J’avais beau chercher, ça faisait des mois que je n’avais pas repensé avec nostalgie à ma vie d’avant. En fait, j’avais l’impression de ne plus vraiment me souvenir de comment c’était, avant. Et là, tout à coup, j’ai réalisé que ça y était : ma « métamorphose » était complétée, j’étais finalement devenue mère.
Évidemment, je suis mère depuis la naissance de mes enfants (et même, certaines diront qu’on devient mère dès qu’on se sait enceinte). Mais pour moi, l’entrée dans la maternité (et le développement de mon identité de mère) a été vécue comme une suite de métamorphoses, plus ou moins douloureuses, où je m’appropriais peu à peu ma nouvelle vie. Une espèce de long post-partum, avec ses découvertes incessantes, ses moments de « surplace », ses revirements, ses apprentissages.
En général, on définit la période post-partum comme étant celle qui s’étend de l’accouchement au retour de couches, mais il me semble que c’est beaucoup plus flou et large que ça. Peut-être que la période post-partum est finalement d’une durée différente pour chaque femme? Peut-être qu’elle se termine non seulement au moment où l’on se sent remise de notre accouchement, mais aussi au moment où on se sent remise du choc de notre changement de vie? Ou bien au moment où on ne se languit plus de notre « vie d’avant »?
Finalement je pense que mon post-partum aura duré 3 ans et demi. Ha! C’est pourtant bel et bien le temps que ça m’aura pris pour me sentir pleinement mère, pour sentir que je quittais la phase de l’adaptation (le moment du « post »), pour simplement vivre cette vie métamorphosée. Ça aura peut-être été long, mais à force de bienveillance envers moi-même et grâce à tous ces moments passés à savourer la relation que je construis avec mes deux merveilles, je sens enfin que « j’épouse » complètement ma vie de mère. En fait, je m’en suis amourachée, et je dois le dire, je me sens vraiment comblée!
Combien de temps a duré votre post-partum?