Je me rappelle la première fois où mon fils a ri. Il était couché sur sa table à langer. J’ai enfilé par-dessus sa tête un cache-couche et le tissu lui chatouillant le visage l’a fait rire. Je me souviens également de son premier vrai rire. Un rire gras, qui résonnait et qu’il n’aurait jamais su retenir.
Ce rire, c’est notre chienne qui le lui a donné. Elle se baladait, peluche en bouche, faisant les cents pas dans la pièce, emballée par notre arrivée à la maison. Elle est passée près de son visage et cette proximité, cette surprise, l’a énormément amusé. À un point tel qu’il a éclaté de rire.

J’ai compris à ce moment que naissait une grande amitié. Une amitié qui commencerait doucement par ces petits rires. Une amitié qui grandirait au terme de multiples poursuites à quatre pattes. Une amitié qui s’amplifierait par l’apprentissage de l’amour, des bisous et des câlins. Une amitié qui perdurerait par les marches du soir, les aventures dans les bois et les longues conversations où il lui parlerait en la croyant capable de comprendre tous ses mots de petit garçon.

Lorsque nous avons décidé d’avoir un enfant, nous étions conscients que nous offririons à notre fils un des plus beaux cadeaux qui soit : sa meilleure amie. Nous étions également conscients que le respect se devrait d’être au cœur de cette amitié. Le respect des animaux, de toutes races, de leur habitat et de leurs moeurs. Nous étions conscients qu’il nous faudrait répéter, à ne plus compter, qu’il se doit d’être doux. Nous savions qu’il s’agirait d’un pan important de son éducation qui lui offrirait une vie meilleure où il comprendrait que la cohabitation est possible, voire nécessaire.

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Puis, nous avons parlé du moment où il nous faudrait le consoler parce qu’elle n’est plus. Le moment où nous aurions à cacher notre chagrin afin d’être plus fort pour lui permettre de vivre son deuil. Une épreuve, bien que difficile, qui en sera une d’apprentissage.

Heureusement, tous ces moments sont loin devant. Avant qu’elle ne devienne un souvenir, qui j’en suis certaine, sera impérissable, elle est bien là avec nous. Et je me tarde d’entendre mon fils l’appeler pour la première fois, en accrochant une syllabe au passage, mais en criant bien fort et qu’elle accoure vers nous, plus vivante que jamais!