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Un accouchement sans bébé – Première partie – L’annonce
Crédit: Vince Fleming/Unsplash

On était presque prêts ; il ne manquait plus que le matelas de la table à langer. Les vêtements de bébé étaient tous lavés et les essentiels — et moins essentiels —  tous achetés, jusqu’à la « machine espresso » pour poudre de bébé. Un peu d’avance pour 7 mois et demi de grossesse, mais c’était mon premier et je savais que j’allais trouver d’autres choses à préparer dans les jours qui précèdent l’accouchement. Moins il en reste, moins ce sera stressant! Parce que, même si je n’osais pas l’avouer, l’accouchement me faisait peur. C’est difficile de ne pas avoir d’inquiétudes lorsqu’on ne sait pas à quoi s’attendre.
 
J’avais passé les étapes les plus risquées selon mes lectures. Je me suis donc permis de l’annoncer publiquement (a.k.a. Facebook) quand j’ai atteint 6 mois. On m’avait confirmé que tout était beau. Une maman et un bébé en parfaite santé, aucun facteur risque! Je pouvais me concentrer sur la prochaine lourde étape : l’accouchement.
 
Tout est arrivé vraiment rapidement. J’étais loin d’avoir un sac d’hôpital
 
Étonnamment, l’accouchement est ce qui c’est le mieux passé de mon expérience. Deux poussées et le bébé était sorti! Je m’étais fait beaucoup d’inquiétudes pour rien. Sous l’effet de la péridurale, j’ai senti sa tête et ses épaules sortir, mais pas de douleurs.

Pas de petits pleurs pour mon bébé non plus. Juste des larmes qui coulaient sur mes joues pendant que je regardais le centre-ville par la fenêtre des salles d’accouchement du nouveau CHUM.

Crédit : Catherine Marion

 
Je savais que je n’entendrais pas mon bébé pousser ses premiers cris… J’avais appris, deux jours plus tôt, qu’il était mort in utero. Même si je savais que c’était impossible, j’avais toujours un petit espoir que les médecins s’étaient trompés. Cette lueur d’espoir s’est éteinte en même temps que ma dernière poussée.
 
On pensait se rendre à l’hôpital pour calmer mes angoisses de fille un peu parano. Je n’avais pas senti bouger mon bébé la veille. Mon copain, lui, pensait que oui. Le lendemain matin, comme une mère poule j’avais encore des inquiétudes. Moi qui crois paniquer pour rien, mais qui veux en avoir le cœur net, mon copain un peu exaspéré, mais prêt à tout pour me rassurer, un appel au 811 qui me recommande d’aller à l’hôpital pour valider et d’y aller accompagné, un couple un peu perplexe qui se rend tranquillement au CHUM, une infirmière qui tente d’installer le moniteur au niveau du cœur de bébé, un médecin appelé pour l’aider, un deuxième médecin appelé…

L’annonce du battement introuvable.
Aucun battement de cœur. L’image de l’échographie sur le cœur de bébé, inanimé.
 
Encore incrédule, je me souviens uniquement avoir regardé mon copain, pour aller chercher une validation de ce que je venais d’entendre. Il était en larmes, complètement effondré. J’ai compris que c’était fini. 32 semaines avaient passé à attendre cet enfant pour lequel on avait tout préparé, jusqu’à la garderie trouvée et les possibles écoles du quartier où il pourrait étudier. On venait d’apprendre qu’il n’allait jamais prendre sa première respiration. Je n’aurai pas la chance de le bercer, de voir papa lui donner le biberon, ni de lui préparer son premier gâteau de fête… J’avais quelque chose en moi, dans mon ventre, qui ne se développait plus. Qui était mort alors que je devais lui donner vie.
 
« Et maintenant? Comment on me… l’enlève? »
Ma première question au médecin lorsque je pense avoir retrouvé mes sens.

« On doit vous accoucher. Le plus rapidement, le mieux. »

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