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Parents québécois : trop présents le jour, pas assez la nuit?
Crédit: chinezeks/Pixabay

Ça m’a frappée au détour d’une conversation entre amis. En Amérique du Nord, on surprotège nos enfants le jour…et on les délaisse un peu la nuit.

Nous étions quatre autour de la table. Mon chum et moi, deux Québécois qui avons voyagé un peu, mais toujours vécu ici. Mon amie est Québécoise, mais a vécu plusieurs années en Chine, où elle a rencontré son mari ghanéen. Elle fait encore du cododo avec son fils et l’allaite encore la nuit quand il se réveille. Et son fils a, ô horreur, plus de 2 ans. J’en entends déjà grincer des dents et lui envoyer des adresses de sites qui vantent les méthodes infaillibles pour un petit bébé parfait qui fait toutes ses nuits.

Ton enfant fait toutes ses nuits depuis ses 2 mois? Bravo.
Crédit : Giphy

C’est ce dont nous discutions autour de la table avec étonnement. Lors de leur séjour en Afrique l’été dernier, elle a vu un bébé qui marchait à 4 pattes sur une route de terre entouré de poules, mais sans parent à l’horizon. Un bébé seul dans un tas de terre avec des animaux au bec pointu. Une situation impensable au Québec, où j’ai parfois du mal à trouver un parent qui laisse plus de 2 m de distance entre son enfant et lui dans un parc parfaitement sécuritaire.

Ce qui me rappelle la fois il y a quelques années où j’ai gardé le fils d’un ami pour la première fois, avant d’avoir des enfants moi-même. La dernière fois que j’avais passé du temps au parc avec de jeunes enfants, c’était avec mes propres amis dans les années 80…Je m’étais apporté de la lecture, me disant qu’il allait s’amuser avec les autres enfants au parc et que j’allais lire sur un banc en jetant un œil une fois de temps en temps. Wow, ma surprise et ma culpabilité! Tous les parents au parc étaient dans le carré de sable, pas trop loin de leur progéniture. J’étais la seule sur un banc et définitivement la seule avec un livre.

Sommes-nous tous devenus des parents hélicoptères constamment obsédés par le risque zéro? J’ai l’impression que nos enfants ne sont jamais seuls. Constamment encadrés, surveillés, entertainés.

Sauf la nuit. Ah là, c’est une autre histoire.

La nuit, il faudrait que nos petits amours soient parfaitement autonomes dès l’âge de 4 mois, si je me fie à certaines lectures de maman désespérée en manque de sommeil. Ils devraient être déposés dans leur lit somnolents, mais pas endormis, et y rester bien sagement jusqu’au matin. Un bon 10-12 h de sommeil en continu et paisible, seuls dans leur lit.

Euh…c’tu moi ou c’est contradictoire? Pourquoi nos enfants n’auraient-ils subitement plus besoin de nous la nuit? Cet enfant qui rampait avec les poules, c’est drôle, mais quelque chose me dit qu’il ne dort pas seul dans une couchette pendant 12 h. Quelque chose me dit qu’il se réveille la nuit, qu’il a besoin de réconfort. Peut-être même que sa mère l’allaite pour le réconforter. Peut-être même qu’ils dorment ensemble.

Un enfant a besoin d’être rassuré, cajolé. Il se réveille pour un paquet de raisons et pendant un paquet d’années. Oui, il faut lui apprendre tranquillement à mieux gérer ses réveils, à trouver des sources de réconfort, à se rendormir plus rapidement. Mais peut-on le laisser être un enfant? J’ai l’impression qu’on se met une énorme pression de performance. Votre enfant ne fait pas des nuits de 12 h? Vous avez fait quelque chose de pas correct, forcément. Ma voisine, elle, a super bien « entraîné » son bébé. Grand bien lui fasse.

En attendant, je vais essayer de m’inspirer un peu de ces mères partout dans le monde dont les enfants rampent avec les poules. Plus de liberté le jour, plus d’exploration, de découverte, d’autonomie et oui, pourquoi pas, plus de gaffes, d’erreurs, de bobos, d’apprentissage, quoi. Et tout le réconfort dont j’ai envie la nuit, sans me laisser culpabiliser. 

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