Tout le monde s’envole. On le sait. Ma grand-maman à moi, elle s’est envolée cette année. Après presque 94 ans. La mère de ma mère. C’est le chemin de la vie. Le cycle. Le cercle. On commence une étape pour la terminer ; on termine une étape pour en commencer une nouvelle.

Moi, j’ai commencé une nouvelle étape. J’ai passé la porte de la petite fille pour devenir une maman. Sa maman à elle. Et ma maman à moi, c’est devenu sa grand-maman.

C’est ce que je lui ai expliqué, en lui chatouillant les orteils alors que ma mère devait partir travailler. On a passé une fin de semaine de sourires, de chatouilles, de câlins, d’amour (à l’infini). On a eu du plaisir, beaucoup. Et lundi est arrivé ; nous, on est parties.

Je lui ai expliqué, mais c’est surtout moi qui ai compris. J’ai réalisé que ma maman à moi, c’est une grand-maman. Qu’elle est rendue là. Qu’elle a passé la porte, elle aussi, qu’elle a gagné un nouveau statut, qu’elle a grimpé sur un autre podium.

Elle le porte fièrement, ce titre. Ça lui va bien. À quatre pattes pour faire des sourires, des coucous, des bisous. Un bras à faire le souper pendant que l’autre tient le bébé. Distraite en parlant parce que la petite lui sourit. Enchantée de voir ses mimiques de mini-peanut heureuse.

Elle le porte fièrement, et on est chanceux. Chanceux qu’elle ait encore l’énergie, la santé, la bonne humeur. Chanceux qu’elle fasse partie de nos vies de façon continue même si 300 kilomètres créent un obstacle à la spontanéité.

On est chanceux, parce que des grands-mamans, des fois, ça s’envole. Mais ma maman à moi, sa grand-maman à elle, elle ne s’envolera pas tout de suite.

Un jour, le cercle sera rendu à nous. Moi, je deviendrai peut-être grand-mère. Ma petite deviendra peut-être maman. Peut-être que ma mère ne se sera pas encore envolée et verra tout ça, elle aussi. Peut-être qu’elle gagnera encore un nouveau titre. Et si ce n’était pas le cas, je sais qu’elle serait quand même là, quelque part. Comme ma grand-maman à moi, qui est un peu partout depuis deux mois.

Ma fille, du haut de ses 6 mois et demi, est trop jeune pour comprendre tout ça. Mais elle s’émerveille d’une façon si adorable qu’on a envie de s’émerveiller nous aussi. Et j’espère que ça continuera au fil des ans, j’espère qu’elle aura toujours le même sourire en voyant sa grand-maman, en voyant ceux qu’elle aime.

Moi, je l’aurai toujours, ce sourire, en voyant ma mère.

Parce qu’une maman, c’est précieux.