J’ai pris conscience d’une chose importante dernièrement. C’était en revenant d’un souper de filles durant lequel les langues sont allées bon train sur les pères de nos enfants. La conversation a beaucoup tourné autour du partage des tâches et des rôles respectifs en tant que parent.
La première chose que j’ai réalisée, c’est que j’étais chanceuse. Mon amoureux est vraiment présent pour moi et pour notre fille. Il fait déjà beaucoup, mais je sais que je peux m’appuyer sur lui et lui demander d’en faire encore plus quand ça ne va plus. N’importe quoi, n’importe quand. Il ferait tout pour nous deux. Le partage de nos tâches est un peu stéréotypé : moi qui vois aux repas et à tout ce qui touche le quotidien de notre enfant, lui à l’entretien de la maison et aux soupers sur le BBQ. Mais, lorsque je suis malade, il va aller chez le dentiste avec notre fille et lui faire faire ses leçons. Et je passe quelquefois la tondeuse quand je sais qu’il a eu une grosse journée de travail. C’est comme ça que ça marche chez nous. On s’entraide, sans compter.
Ok, la Germaine en moi vous dira que lorsque je pars, le laissant seul avec notre fille, il est fort probable qu’elle ne mange pas le souper que je voulais lui donner. Qu’elle engloutisse quelques friandises devant la télévision. Sûrement que son outfit ne sera pas totalement approprié à l’activité du jour (elle portera sans doute sa robe des grandes occasions pour aller au parc). Il se peut même qu’ils reviennent du magasin avec une babiole que je n’aurais pas achetée.
Mais, au-delà de tout ça, j’ai réalisé qu’elle appréciera sa soirée. Parce qu’il lui aura fait passer un moment particulier. Il veut seulement lui faire plaisir, casser un peu la routine. Et je fais pareil, l’amenant à une sortie spéciale ou au cinéma lorsque papa n’est pas là. On fait quelque chose de cool, mais avec un peu moins de bonbons.
Je vais faire mon mea culpa : quand on se retrouve entre mères et que le sujet vient se faufiler dans la discussion, je suis le mouvement. Je vais agrémenter la conversation d’une ou deux anecdotes. Rien de trop méchant, juste pour plaisanter entre filles. Mais, depuis un moment, je me sens un peu mal à l’aise quand arrive ce pattern. Pourquoi est-ce que je me sens obligée de suivre le mouvement? Pourquoi est-ce que je dois dire à demi-mot que seule moi peux m’occuper convenablement de notre enfant alors qu’il est autant présent que moi?
Elle est omniprésente, cette image de la femme qui voit tout dans la maison, cette Wonder woman de notre ère folle et survoltée… La vie va vite, et on n’a pas le choix de la suivre. Devenir parent est une des choses les plus incroyables et les plus prenantes d’une vie. Je ne cherche pas à banaliser les rôles de femme et de mère, à dénigrer celles qui doivent vraiment se taper tout à la maison (et je sais qu’il y en a beaucoup). Je ne veux pas partir un débat sur la charge mentale non plus. Pour énormément de femmes, la charge mentale est sur leurs épaules et j’en ai consicence. Le combat est loin d’être terminé pour obtenir une équité dans les tâches des ménages. Je veux juste modifier personnellement ma façon de définir nos rôles à mon conjoint et moi.
Et c’est là que j’ai réalisé une deuxième chose importante. Je suis consciente du travail d’éducation qu’on fait à nous deux. Je sais bien que sans lui, je n’y arriverais pas aussi bien. Je réalise que mon conjoint aussi a sa propre charge mentale (différente mais bien présente). Et surtout, je vois qu’il est un bon père pour notre fille. En quoi cela me donne-t-il le droit de juger sa façon de vivre sa paternité?
Si je devais partir indéfiniment, le laissant seul pour éduquer notre fille, probablement qu’elle passerait plus de temps à jouer plutôt qu’étudier. Probablement aurait-elle trop de bébelles dans sa chambre. Probablement que la vie serait plus lousse côté discipline. Mais, il lui transmettrait toutes ces valeurs qu’on considère importantes lui et moi. Il en prendrait soin et lui donnerait tout ce dont elle a besoin, à sa manière. Sur ce point, je ne suis pas inquiète. Ma fille deviendrait une femme différente, mais pas moins heureuse, j’en suis sûre.
J’ai décidé d’arrêter de critiquer parce que les choses ne sont pas faites comme je les aurais faites, mais d’apprécier qu’elles aient été faites.
J’ai la chance de ne pas être la seule artisane de ma maisonnée. On est une équipe, avec chacun notre rôle à jouer selon nos forces.