Hier, la peur est revenue après 6 ans de répit, alors que je pensais que c'était terminé pour de bon et que je pouvais finalement cesser de m'en faire.  En une fraction de seconde, c'est la douleur, ma jambe qui ne me soutient plus et moi, qui lance en l'air ce que j'avais dans les mains.

Je vis avec des luxations récurrentes de la rotule depuis le début de l'adolescence.  En gros, quand ma jambe fait un certain mouvement, ma rotule décide de faire une feinte à gauche au lieu de bouger normalement.  Dans les meilleurs cas, une douleur intense quand elle reprend sa place et 5 minutes à attendre de pouvoir marcher de nouveau.  La majorité du temps, ça me fait tomber par terre parce que tout mon poids était sur la jambe qui ne répond plus.  La pire fois?  Évanouissement en pleine rue le soir et incapable de marcher pendant l'heure qui suit.

Ce qui nous amène à hier matin.  J'allais porter 3-4 affaires dans la salle de bain.  Ma rotule a décidé que ça ne lui tentait pas.  Aucun avertissement, juste la feinte, la douleur... et la peur qui revient.  Peur qui date d'avant ma première grossesse, quand les épisodes étaient fréquents.  Cette peur de tomber, enceinte, ou avec mon bébé dans les bras.  Et si mon genou « débarquait » quand je monte un escalier avec ma fille sur un bras et trois sacs d'épicerie sur l'autre?

Hier, la peur a atteint un niveau Sky high, mais a vite laissé place à un autre sentiment.  Une fois que j'ai vu que je n'étais pas tombée, que ma fille n'était pas blessée, j'ai été assaillie par une grande tristesse.  Parce que vivre avec une condition chronique, c'est vivre en se demandant toujours quand le prochain épisode aura lieu.  C'est une ombre qui plane en permanence quelque part dans notre tête.  On l'oublie pour un temps, quand ça va bien, mais elle revient toujours en force. 

C'est difficile d'avoir confiance en son corps quand on n'en contrôle pas le fonctionnement.  C'est frustrant de ne pas pouvoir prévoir les récidives, histoire de se mettre en sécurité.  C'est prendre des précautions comme on peut, en sachant très bien que ça ne sert probablement à rien de toute façon.  Et pour moi, c'est vivre avec le risque d'échapper mes enfants à tout moment, sans pouvoir contrôler quoi que ce soit.

Avez-vous une condition médicale qui vous fait craindre pour la sécurité de vos enfants?