Quand j’ai demandé à l’ex d’avoir les enfants pour la fête des Mères, même si ce n’était pas ma journée de garde, il a refusé. Je suis restée sans voix. Hein, quoi? Ce n’est pas garanti par la Charte ça, d’avoir ses enfants pour la fête des Mères? Et même chose, s’il le désire, à la fête des Pères? Ce n’est pas un droit sacré, quelque chose d’aussi reconnu que les jours fériés? La fête des Mères, c’est bien plus important et symbolique que Noël pour moi. C’est le moment où je me sens reconnue, célébrée, dans toute cette aventure tellement intense et parfois traumatisante qu’est la maternité, avec toute ma transformation identitaire, tous les défis que j’ai relevés. J’ai porté, accouché, allaité, changé des couches, fait manger des légumes, calmé des crises à terre et déployé des camions de créativité. Je veux qu’on me fasse des offrandes et des rituels. D’ailleurs, elle est où ma fanfare?
Mais non.
Parce que j’avais oublié de prévoir la fête des Mères dans notre entente-de-cour-de-séparation-virée-cauchemar, je me suis retrouvée le jour de la fête des Mères, sans mes enfants, pour la première fois de ma vie.
Je n’en mourrai pas, que je me suis promis. Je me suis organisé une journée hyper-occupée, horaire au quart de tour, pour m’étourdir. Une course le matin, le spa avec ma sœur ensuite, voir une amie, voir une autre amie, alouette. Mais la journée commencée du bon pied s’est tranquillement assombrie.
J’avais beau essayer de m’occuper, chaque fois que j’entendais un enfant dire « maman! », je tournais la tête, je cherchais d’où venait la voix, mes seins se mettaient à couler. Et chaque fois, c’était un cruel rappel que moi, j’étais sans les miennes.
Et pourtant! Dans les fêtes des Mères passées, tout ce que je voulais, c’était un BREAK d’enfants. Tu veux me reconnaître comme mère? Offre-moi une journée de spa, une sortie avec les amies, un matin de flânage au lit. La plus belle façon de me remercier, c’était de me donner congé de ma maternité!
Mais là, en garde partagée, j’avais un besoin inextinguible et inexplicable d’avoir mes filles à mes côtés. Qu’on fasse des choses ordinaires, ensemble, sous le soleil de mai. Qu’on soit un cocon. Que j’embody ma maternité avec elles dans mes bras et leur odeur dans mon nez.
J’ai terminé la soirée en boule dans mon lit. Je n’avais plus du tout envie de voir les amies. Je voulais juste que cette journée finisse au plus vite, en essayant de ne pas penser aux frais d’avocat à venir pour obtenir ce petit bout de bon sens : une fête des Mères avec mes enfants.
Avez-vous déjà passé une fête des Mères sans enfants?