Les parents de jeunes enfants comprennent bien l’amplitude des comportements quotidiens qui ne sont pas innés, mais enseignés. Rester assis sur une chaise le temps d’un repas, marcher sur le trottoir sans courir dans la rue, dire s’il vous plaît et merci, partager… la liste est infinie.  Ma fille a deux ans, alors disons que je passe une bonne partie de mes journée à mettre des limites, gérer des crises, essayer de me faire écouter, et essayer de garder mon calme à mettre en place un système d’éducation pour que mon enfant devienne une personne décente.

Toute cette discipline peut être épuisante parfois. S’il y a une chose que j’ai bien comprise sur ma propre enfance lorsque j’ai eu un enfant, c’est bien que c’est plus facile et agréable d’être la maman qui s’amuse et donne des câlins et des bisous toute la journée. Mais il reste que l’aspect éducation est tout aussi important dans mon rôle de parent, même si j’ai parfois du mal à concilier les deux. On dirait que je me sens parfois comme une créature à deux têtes, entre la maman aimante et celle qui met des limites, et ce, malgré tout l’amour et la bienveillance de mes interventions.

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C’est vrai que l’archétype de la maman douce et cajoleuse résiste difficilement à l’épreuve de la réalité du quotidien. Personnellement, je ne me reconnais pas du tout dans cette image idéalisée. Mais mes premiers apprentissages de maman me sont venus comme ça : bébé collé sur maman et qui peine à se détacher, puis fillette qui a besoin d’une grande dose de câlins quotidiens. Alors pendant un bon moment, ma maternité s’est installée naturellement de manière fusionnelle, au point où vers cinq mois, je me suis rendu compte que je n’avais pas du tout l’habitude de voir l’arrière de la tête de ma fille.

J’avoue que je n’avais pas vu venir les émotions intenses qui viennent avec la maternité.  L’inquiétude qu’il arrive quelque chose à mon enfant, l’amour dévastateur, la panique lors des accidents. Mais aussi la fierté. Je peux regarder mon enfant et la trouver tellement naturellement extraordinaire, talentueuse, bienveillante! Je suis submergée par la fierté de la petite personne qu’elle est au point où j’évite de trop en parler, tellement c’est cliché de penser que son enfant est la personne la plus extraordinaire qui ait jamais existé.

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L’émotion est tellement présente que c’est gênant, de reconnaître en soi le regard attendri de la cane qui couve ses petits. Puis je vois ma fille avec d’autres enfants de son âge et je réalise que bien qu’elle soit évidemment extraordinaire, les autres enfants le sont tout autant, chacun d’une manière différente. Vivre avec une bambine, c’est parfois vivre dans des montagnes russes : aller au parc en se tenant tendrement par la main, revenir avec l’enfant en crise sous le bras. Mais il y a certains moments qui permettent de réunir tous les extrêmes de la maternité. Comme la première fois où mon petit bout de chou de même pas deux ans a sagement attendu son tour sans que je lui demande, me disant : « On attend l’ami. »
 
 Alors je peux me dire que la maman « qui éduque » sert au moins en partie à nourrir les émotions débordantes de la maman « maternante ».  
 
Est-ce que ça vous arrive de vous sentir comme une créature à deux têtes?