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Constat sur ma jeunesse, vue au travers des yeux de ma pré-ado
Crédit: Michael Slebodnik/Unsplash
Je ne peux plus le nier, mon enfant est dans cette période de transition entre la petite fille qu’elle était et l’adolescente qu’elle sera bien vite. La dernière année a été fortement marquée par la personnification de ses goûts et un désir d’indépendance accru. La préadolescence est venue tour à tour m’ébranler, me remettre en question et tester la limite de ma patience.

Je sens que ma fille désire s’affirmer et créer tranquillement les prémices de sa propre vie. Avec toutes ces nouvelles transformations physiques et psychologiques, j’ai constaté que la vision qu’elle avait de nous, ses parents, a également subit une évolution.

J’ai conscience que je suis jeune pour être maman d’une préado. J’ai fait cette constatation lors de la rencontre informative pour la maternelle alors que j’étais parmi les plus jeunes parents de la pièce. Et lors du baby-boom chez mes connaissances alors que ma fille était déjà sur les bancs d’école. En plus de mon âge, j’ai hérité de la grandeur et de la génétique de ma mère qui m’ont souvent value de me faire carter à la SAQ  plus de 15 ans après ma majorité.

Si je devais me décrire, je dresserais le portrait d’une maman jeune, ouverte d’esprit, bien de mon temps. Mais depuis quelques mois, j’ai constaté que si ma fille devait me décrire, je ne suis pas certaine qu’elle utiliserait les mêmes qualificatifs. J’ai parfois l’impression qu’elle me voit un peu comme ça :


Crédit : Giphy

Ou comme ça :

Crédit : Giphy
 
 
En oubliant le côté caricatural, je sais pertinemment que je n’incarne pas à ses yeux la jeune femme moderne que j’estime être. Je suis une mère – en l’occurrence SA mère – et j’ai passé le cap des trente ans depuis un moment déjà. Donc, je suis vieille. Parce que quand tu as 10 ans, la trentaine t’apparait comme une pré-vieillesse. Je ne peux pas lui en vouloir, j’ai vaguement l’impression d’avoir eu un jour ce raisonnement-là, moi aussi.

N’allez pas croire que ma fille m’a ouvertement avoué me considérer comme étant vieille et démodée. Ce serait mal la connaître, elle qui personnifie la délicatesse que je n’ai pas toujours. Non, cette constatation m’est venue subtilement, à travers des commentaires et des anecdotes banals.

Comme la fois où elle m’a demandé si la télé en couleur existait lors de ma naissance. Ou celle lorsqu’elle écoutait son émission en direct et qu’elle ne comprenait pas pourquoi elle ne pouvait faire avancer les annonces publicitaires. Je n’aurais pas dû lui dire que dans ma propre jeunesse, on profitait des annonces pour aller boire un verre d’eau!

 
Je ressens le fossé générationnel lorsqu’elle me demande de chanter avec elle une comptine accompagnant un jeu de main et qu’on s’enfarge dans les paroles. Saviez-vous qu’il y avait eu une évolution dans Un éléphant qui se balançait et dans Il y avait des crocodiles? Bien entendu, c’est ma version qui est rejetée d’emblée, puisqu’elle doit dater de l’époque de l’homme de Cro-Magnon, à quelques années près.

Elle a bien ri lorsqu’elle a constaté que je suis née au début des années 80, et que je lui ai montré des aperçus de cette mémorable époque. À un point tel que son légendaire tact s’est un peu altéré lorsqu’elle s’est exclamée : « Mais c’est donc bien laid! »


Crédit : Giphy
 
En parent nostalgique de ma propre enfance, j’ai essayé de l’initier à certains classiques qui ont marqué ma jeunesse. Si elle a peu accroché sur l’histoire d’Anne Shirley, elle a bien aimé écouter Jumanji avec moi (remerciement spécial au remake qui a contribué à lui faire apprécier la première version). Par contre, Casper lui a paru être d’un ennui mortel. Quant à ma musique, l’accueil est parfois mitigé. Si elle avoue aimer le son de Destiny’s Child ou Coldplay, elle me demande de changer si elle estime que j’en écoute trop. Et elle me lance un regard un peu inquiet et terrorisé lorsque, surexcitée, je monte le son pour mes Backstreet Boys. J’ai l’impression qu’elle se demande l’espace d’une seconde si je vais bien.
Crédit: Giphy
 

Parent d’adolescent.e.s et de préadolescent.e.s, avez-vous également l’impression qu’ils ou elles considèrent votre jeunesse comme faisant désormais partie d’une époque très très lointaine?
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