J'ai terminé le secondaire il y a 10 ans. Nous avons souligné l'événement il y a quelques semaines, dans une soirée retrouvailles peu mémorable, à cause du faible taux de participation. J’anticipais l'occasion avec fébrilité, mais force est de constater qu’elle passait six pieds par-dessus la tête de la plupart de mes comparses.


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10 ans, c’est long et c’est court. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, mais la même chicane perdure à savoir qui devrait le repeinturer. Certain.e.s ont évolué avec le courant, d’autres sont resté.e.s sur la structure métallique à attendre que quelqu'un sorte les pinceaux. Je dis ça parce que celles qui se sont risquées à l’organisation de l’événement ont reçu des critiques très peu constructives de la part de gens qui n’auraient même pas donné une pause café pour planifier quoi que ce soit. Alors que j’aidais à l’envoi d’invitations, il y a même une personne qui m’a carrément envoyée promener! D’autres, plus poli.e.s, m’ont simplement indiqué qu’ils n’avaient pas envie d’y être. Moi qui avais pris congé d’un travail à 400 km de là pour revoir tout ce beau monde, ma naïveté en a pris pour son rhume.

Est-ce la faute des réseaux sociaux? Un ami m’a avoué avoir boudé ses retrouvailles, mais avoir passé beaucoup de temps à épier les profils des gens inscrits à l’événement. « C’est super, je sais ce qu’ils sont devenus sans même avoir besoin de leur parler! » Quelle tristesse...
 


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La polyvalente m’a somme toute donné de belles années. Je peux comprendre que quelqu’un qui a vécu dans l’intimidation ou les eaux troubles n’ait pas envie de célébrer ces moments. Je sais aussi que certain.e.s ont exactement le même cercle d’ami.e.s qu’à l’adolescence et ne ressentent donc pas le besoin de revoir de vagues connaissances.

Moi, j’ai quitté ma région aussitôt mon DES en poche. J’avais un rêve et j’avais besoin d’air. Ça a été la plus belle décision de ma vie, mais ça a aussi coupé court à la plupart de mes relations amicales de l’époque. Il y a bien des gens que j’ai appréciés mais perdus de vue, à qui j’aurais eu envie de faire un petit coucou. Sans vivre dans le passé, j’accorde aussi une certaine importance aux étapes de la vie. Ce n’est pas mon genre de dire adieu, alors j’aime revoir ceux à qui j’ai dit au revoir. J’ai envie de plonger mes yeux dans les leurs et de m’intéresser aux humain.e.s qu’ils ou elles sont devenu.e.s. Qui est marié.e? Qui a des enfants? Qui a réalisé ses rêves? Qui se cherche un peu, comme moi parfois? C’est con, mais j’aime aussi savoir que les gens se souviennent de moi, qui ai souvent eu l’impression d’être invisible.


Marion et Élisabeth, deux amies que j'étais réellement heureuse de revoir. Merci Éli pour l'organisation de la soirée!
Crédit : Marc-Olivier Desjardins

Sur près de 800 finissants, nous étions environ 120 à nous pointer le bout du nez lors de cette fameuse soirée. Plusieurs que j’étais très heureuse de revoir, d’autres au visage vaguement familier, et une grande partie de gens que je ne connaissais pas du tout. Il y avait tellement d’absent.e.s!

J’ai aussi une pensée pour ceux qui n’étaient pas là, car ils ne sont plus là. La mort a déjà frappé ma cohorte quelques fois. Ça donne le vertige de penser que nous n’avons pas la vie devant nous. Qu’elle peut s’arrêter n’importe quand, pour une multitude de raisons. Qu’il faut profiter de chaque moment, même si cette phrase est plutôt vide de sens. J’avais juste envie de stopper le temps, pour un soir.

Mais bon, on a eu du plaisir avec celleux qui étaient là! J'en profite pour remercier mon amie Élisabeth qui a organisé la soirée de main de maître. Une chance qu'elle était là, car sans elle nous n'aurions pas eu de retrouvailles du tout. J’imagine que c’est à moi de jouer, maintenant. Il faudra que j’envoie un wizz à ceux que j’ai envie de revoir. N’est-ce pas comme ça qu’on manifestait notre intérêt de 2003 à 2008?


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