J’ai rêvé la nuit passée. Banal, me direz-vous... mais ça devait être important parce que je m’en suis souvenue, chose qui ne m’arrive que très rarement. D’une netteté désarmante. J’avais quatre ans, je jouais avec les pièces du jeu de rummy, assise à quatre pattes dans la p’tite chambre de l’appartement de mes grands-parents. Même l’odeur de la boule à mites m’est revenue au nez dans mon rêve! J’avais quatre ans, l’avenir devant moi et des grands-parents qui m’aimaient...

Je ne sais pas ce que ce rêve signifiait. Mais il m’a ramené à une époque où la vie était simple. J’entrais, je sautais dans les bras du premier venu (souvent mon grand-père), je plongeais la main dans le bol de peppermint et je fonçais les déguster cachée dans la garde-robe aux manteaux (d’où l’odeur de la boule à mites!) J’avais comme accompagnateurs de dégustation, la vieille balayeuse Électrolux trop bruyante pour le rendement qu’elle donnait et les chaises pliantes en bois qui auraient sûrement aimé un p’tit coup de peinture!

Je ne sais pas ce que ce rêve signifiait. Mais les images étaient si claires que je me suis crue pour un instant revenir dans le temps. Je les entendais discuter derrière moi, mes parents et mes grands-parents. Ces êtres qui ont marqué mon enfance et dont leurs présences manquent à mon quotidien. Ils sont partis trop tôt, je n’ai pas pris le temps de les saluer... J’étais jeune, avec la vie devant moi. Aujourd’hui, je réalise que j’aimerais qu’ils soient toujours là, afin de profiter de leurs présences et de leurs regards bienveillants. Passer du temps avec eux, apprendre de leur jeunesse, leur présenter ma fille qu’ils n’auront pas eu le temps de connaître… C’est en vieillissant qu’on s’aperçoit que la vie est fragile et qu’il faut profiter des moments avec nos aïeuls... Leur dire qu’on les aime, être présents pour eux, les visiter et être aux p’tits soins avec eux, comme ils l’ont été pour nous.

Je ne sais pas ce que ce rêve signifiait. Mais il m’a ramené en mémoire les visages moqueurs de mes grands-parents aussi nets qu’une photographie. Des traits qui petit à petit commençaient à s’évanouir avec les années, qui me sont revenus afin que je n’oublie pas...

Était-ce un message qu’ils essayaient de me transmettre? Si c’était le cas, je ne l’ai pas compris! J’ose croire qu’il y a une continuité au-delà de la mort... J’ose croire que ces deux êtres, qui ont gravité dans ma vie, ont une place de choix au paradis! J’ose croire qu’ils ne nous ont pas oubliés... et qu’ils veillent sur nous de là-haut! Jeannette et Charles, je vous salue et je vous aime toujours autant.