Ça faisait longtemps que je n’avais pas écrit.
 
J’avais besoin de temps. Perdue dans mes douze sacs, dans les apparts d’amis.
L’impression de marcher sur un fil avec mes sacs sur le dos en tentant de garder l’équilibre et le sourire, pour les petites.
  
Je n’écrirai pas la douleur de la séparation.
Je n’écrirai pas la perte du partner.
Je me tairai au sujet de la culpabilité, l’immense culpabilité de voir la tristesse dans les petits yeux. Tristesse qu'on aurait donc voulu éviter, cette fin ne faisait pas partie du plan.
Je ne m’éterniserai pas sur ces nuits de grande solitude à gérer seule une crise de double-gastro en se disant qu’on n’y arrivera jamais.
Je n’ai pas envie de m’étendre sur ces matins de désespoir à pelleter le banc de neige pendant que les petites pleurent dans le char parce qu’elles sont tannées (un jour je leur dirai que ce n’était pas des flocons fondant sur les joues de maman ces matins-là, mais des larmes, aussi).
 
J’ai surtout envie de parler des anges des grandes transitions.
L’amie au grand cœur comprend toute - elle vient de passer par là t'sais - elle me file la clé de son appart, je fais comme chez nous, j’y vais quand je veux, gratis pis je peux même me servir dans un de ses huit pots de miel.
L'amie qui me déculpabilise, qui l'avait vu depuis longtemps elle, le trop-plein de tristesse.
Elle, la jeune amie qui me rend visite quand j’ai les petites, qui vole à la rescousse avec sa joie de vivre à n’en plus finir et son enthousiasme qui énergise toute la maison. 
Les beaux amis qui me prêtent le splendide chalet face au lac.
L’ami qui me propose d’aller pitcher des haches anytime.
Les doux amis qui me proposent de passer ce premier Noël étrange avec eux.
Ces autres amis qui me prêtent aussi un chalet où les ondes ne se rendent pas, où je peux me poser, en silence. Faire des feux qui hypnotisent et apaisent.
Les amis qui m’ont prêté leur magnifique appart où je faisais le plein de lumière.
Et tous ces autres, qui ne sont pas si proches, mais qui prennent un moment pour prendre des nouvelles pour de vrai, pas juste pour savoir « han comment ça donc » mais vraiment, qui veulent savoir si ça va aller.
Lui avec sa sagesse qui enracine et son cœur ouvert, arrivé en même temps que le printemps.
 
À tous ces anges qui m’ont permis de ne pas m’envoler avec la tempête et ses vents titanesques, merci. Vous ne vous imaginez pas le rôle que vous avez joué, vous avez été assurément des lead dans cette histoire et je vous en serai éternellement reconnaissante.