Au détour de la vie, de façon un peu improbable, je l’ai rencontré. Lui, au charme fou, brillant comme pas un, curieux de tout, avec une culture générale plus grande que la Terre.

Première rencontre, le charme a opéré. De mon côté du moins. J’avais beau vouloir mettre les freins pour me protéger le petit cœur, aucun barrage ne tenait. Je me sentais belle, intelligente, femme à nouveau. J’étais bien, comme je ne l’avais été depuis longtemps, alors j’ai dit « pourquoi pas? ». Et j’ai plongé.

Plongé suffisamment pour me retrouver les yeux remplis d’eau quand j’ai compris que le tout ne serait finalement pas possible.

Mais on gère ça comment, une tristesse relationnelle, quand on est Maman-solo avec ses petits amours autour? Vous savez, ce moment où on a juste envie de laisser sortir le flot et imprégner sa forme humaine sur le canapé? Mais qu’on doit arrêter à l’épicerie, passer chercher les enfants à l’école et vaquer à toutes ces autres tâches quotidiennes?

Et, surtout, ne pas les inquiéter…

Bien sûr, certains me diront que les enfants sont suffisamment sensibles pour détecter que quelque chose ne va pas même si on garde le tout pour soi. Que c’est très humain de leur montrer que nous aussi, on peut avoir de la peine. Que oui, un câlin bien senti vient souvent panser ces petites plaies sentimentales.

Mais c’est aussi parfois délicat, parce qu’on ne veut pas les tourmenter. On ne veut pas leur imposer notre chagrin qu’on souhaiterait, de toute façon, vivre seul.e. Parce que souvent, on n’a juste pas envie de parler, d’expliquer, de justifier. Que même si des petits bras autour de notre cou font le plus grand bien au monde, ce ne sont pas ceux-là qu’on souhaiterait à ce moment précis. Que quand ton grand te dit, avec toute sa sagesse de pré-ado, que « ça va aller », bien ça te fait juste pleurer encore plus parce que tu voudrais tellement que ce soit si simple. Et que ta grande te pose des questions, pour essayer de comprendre et par le fait-même se préparer à ses propres futures déceptions, mais que tu ne te sens même pas un bon guide, car il te manque toi-même certaines réponses…

Ils me surprennent encore, parfois, à être pensive, se doutant sûrement que j’ai un petit relent de ce vague à l’âme. En signe de réconfort, ils viennent discrètement poser un bisou sur ma joue.

Je sors alors de mes pensées, je leur souris et je me dis que oui, ça finira par aller.