Mamentrepreneure. Un puissant nouveau mot que j’ai récemment ajouté à mon CV. Quand j’ose utiliser ce terme en public, je me fais souvent répondre sur un ton condescendant que ce titre n’existe pas. Du mansplain à son meilleur. Quand tu es maman et entrepreneure à la fois, crois-moi qu’il est mieux d’avoir un mot assez fort pour souligner cela. C’est toute une aventure qui est loin d’être de tout repos.
Je me suis lancée dans l’entrepreneuriat il y a de cela 2 ans alors que je lançais mon blogue. Au départ, c’était pour mettre de l’avant ma région, mais avec le temps, j’ai réalisé que j’ai monté, sans le savoir, ma p’tite entreprise. Les contrats commencent à entrer, je suis de plus en plus sollicitée et les événements que j’organise sont de plus en plus convoités. J’adore ça! Je suis appelée à couvrir divers événements de mon coin, je recommence à avoir une vie sociale intéressante et je me sens tellement épanouie! J’ai l’impression de renaître après avoir eu deux grossesses extrêmement difficiles et un post-partum pas plus évident. C’est peut-être un brin égoïste, mais ça fait vraiment du bien de me retrouver.
Ce bien ne semble pas faire l’affaire de tou.te.s. Les p’tits commentaires passifs agressifs sur mes sorties en pleine semaine SANS enfants, ceux qu’on n’oserait pas dire à un papa qui joue au hockey avec ses chums deux soirs par semaine. Ben non! Les papas travaillent plus fort et ont besoin d’un break, t’sais. Pendant ce temps, la plupart des mamans portent la charge familiale à bout de bras, gèrent les crises, les soupers et les rendez-vous médicaux. Je les entends vos jugements quand je publie des photos DEUX soirs de suite alors que je couvre un lancement de prog et une ouverture de resto. Qui garde? Qu’on ose me demander!
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C’est insultant en criss. Un homme d’affaires qui couraille les tournois de golf et les soupers avec les clients ne se fera JAMAIS demander qui garde ses enfants. En quoi les contrats que j’obtiens avec mon blogue sont différents d’un lunch de job au Keg parce que le boss est en ville?
Notre société diminue systématiquement la valeur des entrepreneures. Quand la compagnie va mal, on engage une femme et on la blâme par la suite. Les p’tites jobs de mères à temps partiel qu’on encourage le nez en l’air parce que c’est cute mais pas sérieux. On nous demande nos études, nos compétences, nos mensurations. On a peur parce que des femmes, t’sais, ça braille tout le temps ç’a l’air. On est soulagé quand on voit le chum arriver. Ces doubles standards sont irritants sur un pas pire temps. Mon entreprise, je la monte seule et ça me rend très fière. Mon chum me soutient parce qu’on est une équipe. Il n’a pas la fibre entrepreneur et c’est un gros plus pour notre couple. Le ying et le yang qu’ils disent. Je me sens souvent mal de prendre autant de place parce que c’est encore bien tabou que ce soit la femme la workaholic. La peur des #gens que j’émasculise mon mari par mon surplus d’ambition. Parce que tout le monde sait que c’est ce que c’est, une cause à effet fort logique.
Je suis exténuée. Je culpabilise pour tout depuis le jour où le petit + est apparu sur mon test de grossesse. Je m’arrange pour que tout le monde soit heureux dans ma maisonnée. Je travaille à temps plein en plus de courir les cours de danse, d’investir du temps de qualité dans mes amitiés et mon couple et je monte ma business. Je n’ai crissement pas besoin de recevoir vos jugements et commentaires sur mon lifestyle qui sont d’ailleurs tellement dépassés. Sortez vos têtes de vos founes et vous verrez que l’avenir appartient à toutes celles qui mamentreprennent comme de vraies boss!