« Être plus sensible que la moyenne (de façon provisoire ou durable) peut être vécu avec difficulté par la personne elle-même. Ou perçu comme exagéré, voire extrême par l’entourage ».
Ça, c’est ma réalité. Après plusieurs lectures, j’ai pu mettre un nom sur ma condition. J’ai toujours eu les larmes aux yeux qui me viennent facilement. Que ce soit en lisant un texte écrit par ma fille de 10 ans ou en regardant un film avec une scène un peu trop attendrissante. Je n’ai parfois qu’à regarder quelqu’un, lire les émotions qui passent sur son visage pour que les vannes s’ouvrent. C’est comme si toutes les émotions véhiculées dans le message se multipliaient par 1000 dans mon cerveau. Et c’est plus fort que moi, et quand j’essaie de me retenir, ça ne fait qu’empirer la situation. Les larmes coulent, la voix chevrote et je vis à fond les émotions qui défilent sous mes yeux.
Les êtres qui vivent avec cette caractéristique sont souvent plus sensibles aux critiques. Mon père dirait soupe au lait! Ils sont aussi plus attentionnés que la moyenne, ce qui fait en sorte qu’ils peuvent facilement se transposer dans la situation et « vivre » ce qu’on leur raconte. C’est mon cas. Pleurer de joie ou de tristesse à la place de quelqu’un d’autre est devenu fréquent dans mon quotidien. Quand j’étais ado, on me surnommait mère Térésa. J’étais (et je suis encore pour certai.e.ns) celle vers qui mes amis se tournaient quand ça n’allait pas. J’ai cette manie de vouloir que tout mon p’tit monde soit bien, d’être toujours à l’écoute de leurs états d’âme. Ça implique une grande responsabilité émotive, qui se traduit souvent par des larmes!
Une personne hyperémotive fonctionne beaucoup plus par intuition que par logique. Ce sont les émotions qui la guident, elle y va au coup de cœur! Elle peut facilement détecter les émotions ou les pensées qu’on tente de lui cacher, simplement en regardant le non-verbal de l’interlocuteur.rice. C’est comme si elle réussissait à lire l’âme des gens, ressentir comment ils se sentent réellement. Pour le vivre au quotidien, ce n’est pas toujours évident pour les gens qui m’entourent de me comprendre! Un commentaire anodin, un compliment tout simple ou une critique constructive peuvent déclencher les larmes et rendre mal à l’aise ceux qui l’ont formulés.
J’ai longtemps tenté de minimiser les larmes, de me cacher quand je les sentais monter. J’ai longtemps dû faire face aux critiques de certaines personnes qui me trouvaient trop sensible, trop braillarde. Aujourd’hui, je m’en fais moins avec ça. J’ai trouvé quelqu’un qui vit sensiblement la même chose que moi, alors on se partage la boîte de mouchoirs et on se permet de pleurer comme des Madeleines sans honte! Parce que quoi que j’y fasse, je ne pourrai jamais être insensible à la beauté ou à la misère du monde…