J’ai souvent eu à prendre l’avion dans ma vie. Pour le plaisir et aussi pour le travail, j’ai souvent fait de longs vols outre-mer. Jamais je n’ai eu peur. Prendre l’avion a toujours été pour moi un moment de détente, de calme, un des seuls moments où personne ne peut me joindre (c’était avant le wifi dans les avions…).
Je profitais de ces moments pour prendre du recul. Comme si de là-haut, je pouvais contempler ma vie et y réfléchir doucement. De grandes décisions se sont parfois prises dans mon petit siège avec hublot…
Mais depuis que je suis maman, ma grande quiétude de passagère d’avion s’est transformée. En fait lorsque je voyage avec les enfants je n’ai tout simplement pas le temps de remarquer si je suis calme ou non, occupée à essayer de faire boire une et de convaincre l’autre au bord de la crise que ce n’est vraiment pas aussi long que ça peut sembler le vol et que ben oui pff, oui, oui, on est presque arrivés…(au moment où il reste environ quatre heures de vol, mettons…)
La première fois que j’ai volé sans les enfants, c’était en direction de la Suisse pour le travail, ma toute première pensée fut « que c’est relaxant prendre l’avion sans enfants ! » On ne réalise pas tant qu’on ne l’a pas vécu, mais disons-nous les vraies choses, prendre l’avion avec des minis, c’est du sport. De l’ordre du Ironman pour parents. Mais là, je pouvais m’asseoir calmement et OH JOIE! sortir un livre et arriver à lire plus d’un paragraphe! Mais rapidement, une pensée m’est venue à l’esprit : et si, on s’écrasait, mettons, et que je perdais la vie. Je n’ai jamais eu cette pensée avant. Je n’ai jamais eu peur qu’un avion me transportant s’écrase et pourtant cette fois, et à chaque fois que je prends l’avion depuis que je suis maman, j’imagine le pire. Je n’imagine pas l’accident lui-même. J’imagine la scène : le père de mes filles qui leur annonce qu’elles ne verront plus maman. Cette seule pensée, cette scène imaginaire qui joue dans ma tête me fait pleurer automatiquement, à tous les coups. Je reste bouleversée pendant des heures. Imaginer mes filles se sentir abandonnées par maman qui leur avait pourtant dit « on se revoit vraiment vraiment bientôt mes tannantes, je vous aime »… Même si c’est irrationnel, ça me fait CA-PO-TER.