Ma fille a toujours été expressive et volubile. Un joyeux mélange de ses deux parents. Mais depuis le début de l’année scolaire, c’est un vrai moulin à paroles, en plus de toute la gestuelle qui accompagne ce babillage effréné! La raison de ce débordement de mots : la venue du premier p’tit chum!
5e année, elle est rendue là, c’est dans le cours normal de sa pré-adolescence j’imagine. Mais pas pour moi! Bien que je trouve attendrissant toutes ses mimiques et ses expressions faciales quand elle parle de lui, j’ai l’impression que du jour au lendemain, mon bébé s’est envolé… que du jour au lendemain l’enfance de celle que j’adore cajoler et bécoter en mettant mon nez dans le creux de son cou est partie en fumée.

Parce qu’on a beau parler de sujets plus sérieux, comme le premier amour, les premières règles, la conception des bébés (et la contraception), on se dit que pour le moment ce n’est que de l’information donnée, que viendra bien le jour (dans un avenir le plus lointain souhaité possible!) où ces notions seront mises en pratique. Et là, ça y est! Et je me sens un peu désemparée. J’ai beau relativiser la situation, me dire que tôt ou tard ça devait arriver, j’ai quand même du mal à me faire à ce changement… Peut-être que je me suis mise la tête dans le sable en repoussant l’échéance… Peut-être que je ne suis tout simplement pas rendue là. 

Parce que j’vois bien que son corps change, que de nouvelles formes apparaissent. Pis j’me rends compte que mon bébé n’en est plus tout à fait un quand je la prends dans mes bras et que ses membres dépassent de partout! Mais j’arrive tout simplement pas à me rendre à l’évidence que celle que je berçais y’a pas si longtemps, est tranquillement en train de devenir une jeune fille avec ses idées et son caractère propre à elle seule. Et pour mon cœur de maman, c’est tout un changement. Je sais que je vivrai encore plein de beaux moments avec elle, qu’on se fera de nouveaux souvenirs. Mais de réaliser que son insouciance et sa naïveté d’enfant la quittent petit à petit me fait réaliser que la vie est courte et qu’on doit profiter de chaque instant. On voudrait donc que ça reste petits ces p’tites bêtes-là!

Quoiqu’il en soit, je me dois d’être à son écoute, de la conseiller et de la rassurer comme je l’ai toujours fait depuis sa naissance. Elle sait que je suis là pour elle, que jamais je ne jugerai ses choix et que je la soutiendrai du mieux que je peux. Pour le reste, c’est à moi à me mettre à jour, à accepter que je vieillis et donc que ma fille aussi!