Lorsque j’avais 19 ans, j’ai dû quitter mon Abitibi natale pour aller étudier « dans la grande ville ». La profession que je souhaitais effectuer ne me permettait pas d’étudier dans ma région et je voulais découvrir de nouveaux horizons. J’ai donc habité à Québec pendant trois ans, puis à Montréal avec mon amoureux (également abitibien!) pendant six ans.
Ayant terminé mon doctorat et voyant la moisissure gagner de l’ampleur dans notre minuscule appartement de Villeray, nous avons décidé qu’il était temps pour nous de nous trouver un nid plus douillet. C’est alors que nous avons commencé à envisager l’idée de retourner vivre dans notre région natale.
Nous avions, à maintes reprises, clamé haut et fort que nous n’y retournerions JAMAIS. La trentaine qui approchait et le désir d’avoir éventuellement des enfants nous a toutefois fait voir les choses différemment. Et il faut dire que j’éprouvais beaucoup de difficulté à m’imaginer hurler quotidiennement contre les bouchons de circulation avec un ou deux poupons installés à l’arrière de ma voiture.
Nous avons donc postulé sur quelques offres d’emploi en Abitibi. Avec une facilité assez surprenante, mon mari et moi avons tous les deux trouvé un travail qui nous convenait. Nous avons ensuite sous-loué notre appartement et empaqueté nos effets personnels et notre chat. Puis, c’est la tête remplie de doutes que nous avons pris la route pour l’Abitibi.
Les doutes ont persisté durant les deux premières années. Je m’ennuyais des magasins, des restaurants, de la diversité culturelle, du printemps et de l’automne qui s’étirent un peu plus longtemps, des moustiques bien moins voraces et peut-être même des bouchons de circulation! De plus, nous habitions à une heure de route de notre ville d’origine et nous avions peu d’amis à proximité.
Puis je suis tombée enceinte. Tel que je l’ai raconté précédemment, notre fille avait un syndrome génétique. Ce qui nous plaisait de la « grande ville » n’avait alors plus la même importance. Nous étions plus qu’heureux de pouvoir, compter sur le soutien de notre famille, d’habiter dans une communauté où les professionnels de la santé sont chaleureux et disponibles et de pouvoir effectuer le trajet « travail – CPE – hôpital – centre de réadaptation » en moins de dix minutes. Nous nous sommes aussi créé un cercle d’amis.
Notre fille est maintenant décédée, mais je me plais toujours dans ma région éloignée. J’aimerais que l’Abitibi se trouve plus près de Montréal pour que nous puissions nous y rendre plus souvent et plus facilement (rouler pendant des heures au milieu de nulle part peut être ardu avec de jeunes enfants!). Par contre, j’apprécie de ne pas passer des heures dans les bouchons de circulation, de côtoyer ma famille régulièrement, de croiser des visages familiers régulièrement et de profiter des grands espaces verts qui nous entourent. Demeurer près de mon lieu de travail et de mes parents facilite aussi grandement ma conciliation travail-famille, même si mes fils sont en santé.
Nous sommes de retour en Abitibi depuis près de neuf ans. Je ne peux pas dire que j’y resterai pour toujours, mais pour l’instant notre vie est ici. L’avenir nous dira de quoi il sera fait!
Avez-vous vécu un retour dans votre région natale?