Cette nuit, je me suis admis que ça ne va pas. Depuis quelques semaines, je sens que je sombre tranquillement. J’ai de la difficulté à garder la tête hors de l’eau et à jongler avec ma réalité de maman-de-deux-enfants-en-bas-âge. Je n’arrive pas à mettre le doigt dessus, mais il y a définitivement quelque chose qui accroche, qui graffigne. J’ai googlé « Dépression post-partum » sur mon cellulaire. Je regarde les symptômes, et je me reconnais…
Je m’y reconnais, parce que je ne me reconnais plus. Tous les jours, j’ai envie de pleurer. Je n’arrive pas à trouver la joie dans les choses simples. En fait, je ne trouve la joie nulle part. Bébé tout neuf me sourit, je lui souris en retour, mais il y a comme un voile par dessus mon sourire. L’ainée me donne le plus beau câlin de l’univers, et au lieu d’être sereine et heureuse, je me sens coupable. De ne pas sortir suffisamment à l’extérieur avec elle. De ne pas avoir l’énergie de jouer à ses magnifiques jeux inventés de toutes pièces. D’avoir l’impression de lui enlever quelque chose d’important par mon absence bien présente. De ne pas lui offrir la maman qu’elle mérite.
J’en ai parlé à Chéri. Ça l’a boulversé, après tout, il a fait une dépression assez sombre il y a quelques années. Mais depuis que je lui ai expliqué comment je me sens, il me regarde différemment, avec un air de compréhension triste. Lui qui s’implique déjà beaucoup me promet d’en faire davantage et me supplie de lui demander tout ce dont j’ai besoin, n’importe quand. Les rôles sont inversés. C’est maintenant moi qui ai besoin d’aide et lui qui tiendra le fort.
Ce matin, j’ai rencontré mon médecin pour mon suivi post-partum. En arrivant, un questionnaire à compléter. À quelle fréquence je me sens dépassée? Combien de fois j’ai pleuré dans la dernière semaine? À quel point je me sens incompétente dans mon rôle de mère, rôle que j’adorais pourtant il y a quelques mois? En répondant aux questions, j’ai la certitude que la bête noire m’a attrapée ; je fais une dépression post-partum. Mon médecin est d’accord avec moi, il a l’air un peu inquiet de voir mon air lourd quand je lui explique vaguement comment je me sens. Je repars avec une prescription, une requête pour une évaluation psychiatrique et le coeur gros.
Ce soir, j’irai chercher des antidépresseurs à la pharmacie. Je ne croyais pas avoir à en prendre un jour, tout cela me semble iréel. Il paraît que la dépression post-partum se guérit assez bien, assez rapidement. Je l’espère de tout mon coeur, parce que j’ai hâte de me reconnaître à nouveau quand je me regarde dans le miroir, mais surtout, j’ai hâte de redevenir la maman que j’étais.