Les dimanches soirs. Les maudits dimanches soirs.

Je ne les aime pas en temps normal; ils me rappellent que la fin de semaine n’était qu’une brève pause de la course effrénée du quotidien et que, bien vite, il me faudra remettre mes souliers propres et retourner danser une danse qui m’étourdit.

Les dimanches soirs. Les maudits dimanches soirs.

Ce soir, c’est pire.

C’est le plus long des dimanches soirs et le plus court à la fois de toutes les dernières semaines.

Nous avons été gâtés, mon garçon et moi. Deux longues semaines ensemble à se lever quand bon nous semble, à manger quand la faim nous tenaille, à se coller à n’en plus finir, à faire des séances de chatouille.

Mais voilà que le calendrier indique la fin. Nous devrons retourner à la réalité : lui, à la garderie, moi, au travail.

J’ai un petit gros blues. Je me sens comme si je mettais à nouveau fin à mon congé de maternité. L’anxiété du retour est plus que palpable, depuis plusieurs jours en plus. J’ai eu beau tenter de me convaincre que tout irait bien, que c’était pour le mieux, j’ai lamentablement échoué. Tout n’ira pas bien, tout n’ira pas pour le mieux.

Mon garçon sera pourtant très heureux à la garderie. Il jouera avec ses amis qu’il sera, j’en suis certaine, content de retrouver. Mais il retrouvera aussi les p’tits amis qu’on aime moins : gastro, rhume et autres virus nonchalants.

On s’amusait si bien, à la maison, sans nez qui coule!

C’est à reculons et avec les bottes qui pèsent des tonnes que je me rendrai au travail demain matin. J’afficherai mon plus beau sourire et ferai semblant d’être heureuse de revenir. Moi qui aimais tant mon travail avant, la mauvaise conciliation travail-famille vient tout ruiner.

J’aimerais être là pour mon fils lorsqu’il en a besoin. Pas juste lorsqu’il est trop malade pour que je l’envoie à la garderie. Aussi quand ses dents percent et qu’il aimerait se faire consoler, bercer, à n’importe quel moment. Quand il sera tout fier de faire quelques pas ou de dire un nouveau mot. Quand il réussira à piquer sa nourriture avec sa fourchette pour la première fois.

J’aimerais être là pour mon fils lorsqu’il en a besoin. Sans sentir cette pression de la société qu’il faut absolument que j’aille travailler. Sans sentir cette pression de mes patrons pour le travail que j’ai déjà trop manqué. Sans sentir cette pression de moi-même, cette petite voix qui chuchote que je dois donner toujours plus et plaire à tout le monde.

Les dimanches soirs. Les maudits dimanches soirs.

Ce soir, j’ai une boule dans la gorge. Et elle ne passe pas.