J’accompagne deux adolescentes dans les dédales de cette période sensible depuis maintenant cinq-six ans. J’ai un peu plus d’expérience, un peu plus l’habitude, un peu plus de détachement, un peu plus de recul. J’essaie d’être moins réactive, de plus écouter, accueillir, comprendre. Ma job de mère quoi! Mais je me surprends parfois à m’ennuyer des nuits blanches et des crises de larmes de la petite enfance parce que, même si c’était exigeant et épuisant, j’avais l’impression d’avoir les ressources pour « gérer ». Prendre soin de notre petit, même quand c’est dur et tout croche, ça fait un peu partie de notre ADN après tout. Sauf que, lorsque ton petit devient grand, genre presque adulte, c’est un autre rapport qui se développe. La relation se transforme ; de parent-pourvoyeur-protecteur-éducateur que tu étais, tu passes à parent-accompagnateur (encore beaucoup pourvoyeur hein!) qui traite d’égal à égal avec un être humain de plus en plus affirmé et indépendant.
 
Évidemment que ça demande un réajustement et la plupart du temps, ça se fait tout seul sans qu’on le réalise trop. Après tout, nous sommes des créatures faites pour s’adapter à toutes sortes de situations! Mais à d’autres moments, quand ça coince un peu plus, que des désaccords apparaissent, que des mésententes brouillent les cartes, ça peut devenir vraiment confrontant. Parce que c’est à un « presque-adulte » que tu t’adresses, qui est capable de comprendre par lui-même, de faire ses propres choix qui ne vont pas toujours dans le même sens que les tiens, et c’est correct! C’est sa vie, pas la tienne! Sauf que parfois, quand tu sens que ça dérape un peu, que tu aurais bien envie de donner un petit coup de volant pour redresser tout ça mais que tu te retiens, parce que ce sont ses expériences à lui, son cheminement, et que ce n’est plus ton rôle de lui dire quoi faire, tu t’ennuies du temps ou l’enjeu principal était qu’il finisse sa portion de brocolis.
 
Et ce qui est le plus drôle dans tout ça, c’est qu’on le savait qu’il arriverait ce moment, qu’on s’y préparait en repensant à notre propre adolescence, en se disant qu’on éviterait les écueils qui l’avaient parsemée, que ce ne serait pas si difficile parce qu’on était déjà passé par là, et patati et patata. Ce qu’on avait oublié par contre, c’est qu’on allait vivre cette zone de turbulences du point de vue du parent cette fois-ci, qui souhaite le meilleur pour sa progéniture, mais qui ne peut pas vivre sa vie à sa place. Nous ne sommes plus là pour les empêcher de tomber, mais toujours là pour les aider à se relever.
 
Les enfants grandissent et leurs parents avec eux en quelque sorte. C’est le cycle de la vie!
 
Comment envisagez-vous l’adolescence de votre descendance?