Tu penses que ça brasse dans la vingtaine parce que tu te cherches encore un peu, tu n’es plus sûre de tes choix de vie, tu remets en question le métro-boulot-dodo dans lequel on essaie de te formater, tes rêves se heurtent aux obligations de la réalité et tu ne sais pas trop comment gérer ça. Ensuite, tu penses traverser des remous dans la trentaine parce que tu fais ou élèves des enfants, tu achètes ta première maison, tu es aux prises avec la difficile conciliation travail-famille, la charge mentale, la réalisation professionnelle, les attentes sociétales, tu requestionnes tes motivations, tes valeurs, en lien avec ton épanouissement et celui de ta famille. Puis arrive la quarantaine. Tu te dis que ça va bien aller, que tes enfants sont déjà rendus grands, que ton hypothèque descend tranquillement mais sûrement, que tu as plus d’expérience, que tu es plus sage, que tu sais plus ce que tu veux et ce que tu vaux, bref que tu n’auras qu’à te laisser porter par le courant.
 
ERREUR!!!

C’était sous–estimer l’existence de la midlife crisis, la crise de la moitié de ta vie, car oui, quand tu es rendu à quarante ans, il te reste à peu près la moitié de ta vie à vivre. Dis de même, ça peu sembler énorme. Mais je te jure que lorsque tu as les deux pieds dedans, que tu réalises toutes les choses que tu aurais aimées faire et qui niaisent toujours sur ta liste de vie, que tu sais que la santé et l’énergie sont généralement inversement proportionnels au nombre de bougies qui garnissent ton gâteau d'anniversaire, que tu te sens vieillir à la vitesse grand V, la moitié de ta vie t’apparaît soudainement très étroite, insuffisante pour accomplir toutes ces choses que tu reportes constamment à demain. Un sentiment d’urgence s’installe, entraînant avec lui une remise en question de ta situation, de ton confort, de tes habitudes.
 
« Est-ce que je me suis endormie dans ma vie? » est le genre de question qui risque de venir te hanter la nuit. Tes insomnies seront remplies de « Si j’avais fait ci plutôt que ça, si j’avais dit oui à telle opportunité plutôt que telle autre, si j’étais restée avec X plutôt que Y, etc. ». Tu auras envie de mettre une pancarte à vendre devant la maison au petit matin, de partir faire le tour du monde sur l’heure du midi, de retrouver ton premier amour le soir venu. Tu te demanderas si tu es trop vieille pour te faire teindre les cheveux en rouge ou te faire percer le sourcil. Tu hésiteras entre investir dans le REEE de ta plus jeune ou vider le compte pour aller vivre au Mexique.

Bref, tu vivras des montagnes russes d’émotions, bien loin du long fleuve tranquille auquel tu t’attendais. Et ce n’est pas très confortable comme état, crois-moi! Car à travers toutes ces envies folles de vivre à cent milles à l’heure pendant que tu as encore la drive pour le faire, il y a la petite vie qui continue, celle avec tes enfants qui ont encore besoin de toi même si l’adolescence leur fait oublier, celle avec les obligations financières à rencontrer, celle avec les collègues de travail qui comptent sur toi, celle avec ta famille qui t’aime, tes amies qui ne veulent pas que tu disparaisses de leur vie pour aller en vivre une nouvelle ailleurs.
 
Rassure-toi cependant, comme toutes les crises auxquelles on fait face dans une vie, celle-là aussi finit par passer, mais pas sans laisser de traces. Se demander ce qu’on attend vraiment de la vie, ça ne s’efface pas en criant YOLO! Ça s’incruste dans les méninges, ça fait tourner le hamster un peu trop longtemps dans la tête, mais ça garde éveillée, ça secoue le sac à puces, ça fouette pour les bonnes raisons, ça donne le coup de pied au cul pour bouger, autrement dit, tout remettre en question, ça te faire sentir incroyablement vivant.
 
 
Appréhendez-vous la crise de la quarantaine?