Il y a de ces activités banales, que nous faisons au quotidien sans vraiment y porter attention. Comme sortir les poubelles, arroser les fleurs, racler les feuilles. Enceinte, on les fait quand même, parfois avec un peu moins de vigueur, mais ça ne nous empêche pas de fonctionner! Et on est loin de se douter que ces simples gestes peuvent parfois s’avérer potentiellement dangereux pour le petit être qui dort dans notre bedon…

C’était une journée de janvier, bien ordinaire. Le soleil était voilé, le ciel grisonnant. Je m’apprêtais à partir pour le boulot, en faisant mentalement le décompte des journées qu’il me restait à travailler avant l’accouchement : 30. En sortant de la maison, j’ai eu l’idée d’aller chercher le courrier. Banal vous me direz! Mais habitant à la campagne, je me dois de traverser la rue avant d’atteindre la boîte aux lettres. L’aller s’est fait comme un charme. Au retour, j’ai dû accélérer le pas car des véhicules s’en venaient rapidement. Au moment où j’atteignais le bord de l’entrée, j’ai perdu pied et je me suis retrouvée au sol, sans même avoir eu le temps de comprendre quoi que ce soit. La seule chose que j’ai eu le temps de faire, c’est d’essayer de mettre mes mains devant afin de protéger mon ventre, mais peine perdue c’est lui qui a encaissé le choc.

Là, au sol, sonnée et endolorie, je ne pensais qu’à mon bedon, aux risques que je venais de lui faire prendre. Je ressentais une méchante crampe, mais je ne savais pas si c’était de peur ou de douleur. J’ai fait les 100 pas dans la cour, puis je me suis décidée à me rendre à l’urgence, qui n’était somme toute pas très loin. Je pleurais, je ne voyais rien, j’étais en panique. Je ne voulais pas aviser personne, de peur de me faire remettre ma témérité sous le nez (parce que oui, mon conjoint de l’époque m’avait averti de laisser tomber le courrier avec mon bedon!). Arrivée là bas, on m’a tout de suite branchée sur un moniteur, en observation pour le reste de la journée. J’ai pris le temps de me calmer, de suivre les cycles apaisants que je voyais à l’écran. Il s’est avéré que ma chute avait causé plus de peur (et quelques ecchymoses) que de mal. Bébé était bien au chaud, tous les signes vitaux étaient normaux, je pouvais rentrer à la maison.

Après coup, je me suis mise à penser à tous les gestes du quotidien qu’on fait machinalement, sans se douter qu’en deux secondes, tout peut basculer. C’est certain qu’on ne peut pas se mettre à paniquer et à calculer toutes les conséquences des actions posées. Mais il faut quand même prendre connaissance de notre environnement et jouer de prudence. Et ce, peu importe notre condition. Pour moi en tout cas, l’aller-retour à la boîte aux lettres n’a plus jamais eu la même saveur!