L’an dernier, à son ancienne école, mon fils s’est lié d’amitié avec un garçon de son âge. Rien d’extraordinaire me direz-vous. Eh bien, ce petit garçon-là, avait les cheveux longs. Très très longs. Mon fils s’est donc mis à en parler. Beaucoup. Comment il le trouvait beau. Qu’il le trouvait cool. Qu’il aimerait se laisser pousser les cheveux, lui aussi.
Donc, les discussions allant, mon fils est venu me poster LA question : « Maman, est-ce que je peux me laisser pousser les cheveux moi aussi? »
J’ai vraiment pour but d’essayer de pousser mon enfant à être libre de faire ses propres choix. D’affirmer et assumer ses goûts. Qu’importe lesquels. Il grandit. Se rend tranquillement – mais définitivement – vers le début de l’adolescence. Il est à l’âge de vouloir faire ses propres choix et je trouve ça beau. Et surtout important de le soutenir et l’encourager au travers de ça.
C’est donc avec un OUI bien assumé que je lui ai répondu.
Presque un an plus tard, il est rendu avec une belle tignasse blonde, un peu frisée, qui lui arrive aux dessus des épaules. Y a pas à dire, je le trouve beau comme un cœur. Il a les cheveux assez longs pour se les attacher. Et maman prend beaucoup trop de plaisir à lui faire des man buns. #Coupable
Mais qui dit longs cheveux + garçon, dit aussi misgenrer.
Que ce soit sans faire exprès, par des inconnus ou qu’on se moque ouvertement de lui, c’est une situation qui est devenue « régulière » depuis un an. Et ça, mon pré-ado de 8 ans a beaucoup de difficulté à gérer ça.
C’est pas nouveau d’entendre des gens au supermarché, s’adresser à lui au « elle ». Ou de les entendre l’appeler « Ma belle », « Ma p’tite », « Ma cocotte ». Au début, mon fils se fâchait. Poli, il ne répondait jamais. Il se contentait de venir me dire comment il se sentait. Je voyais des larmes parfois aussi.
Je le comprends. Mon fils est un enfant cisgenre. C’est un garçon et il souhaite être reconnu comme tel. Et, pour lui, dans le fait de ne pas encore être totalement sensibilisé aux difficultés vécues par les enfants trans, c’est difficile de gérer ses émotions quand on le misgenre.
On a beaucoup discuté. On en est venus à trouver une façon de gérer la situation. Je crois sincèrement que tout se dit dans la vie. Suffit d’avoir une bonne façon de dire les choses. Donc Fiston a commencé à reprendre, très poliment, les gens qui le prenaient pour une fille.
Du haut de ses 8 ans, il dit « Excusez-moi. Je veux simplement vous dire que je suis un garçon. Et que mes cheveux longs ne veulent pas dire que je suis une fille. J’aime juste ça! »
Même tactique pour les enfants qui se moquent de lui à l’école. Je lui ai appris à se défendre sans tomber dans les insultes. Je lui ai très tôt enseigné qu’on n’utilise pas le genre, l’orientation sexuelle non plus, pour insulter. On ne peut pas enrayer toute l’intimidation qu’avec des mots, mais je pense qu’on peut facilement déstabiliser les autres. « Ce sont mes cheveux. Mes goûts. Je te demande pas d’aimer ça. »
Bref. Être parent c’est aussi ça.
Enseigner à son enfant comment gérer ses émotions, ce qu’il a envie de dire et comment le dire.
Je trouve que les adultes sous-estiment souvent la capacité des enfants à exprimer justement ce qu’iels ressentent. Et la légitimité de leurs propos.
Avez-vous déjà vécu une situation similaire?