En adoption, quand un enfant atterrit dans la vie des nouveaux parents, pour eux, c’est le plus beau jour de leur vie. Pour l’enfant, quand il atterrit dans sa nouvelle famille, c’est la pire journée de sa vie, et ce sentiment durera pour un certain nombre de semaines...

Imaginez-vous être arraché à tout ce que vous connaissez, pour être catapulté dans un monde où vous ne connaissez personne, ne reconnaissez aucun son, ni aucune voix, que les odeurs vous sont étrangères, ou même qu’elles vous répugnent, tellement elles sont loin de ce que vous connaissez. En plus de tout ce stress, vous ne reconnaissez rien de votre routine habituelle, les aliments n’ont pas le même goût, et même les vêtements n’ont pas la même texture. Et pour en rajouter, votre état de santé n’est peut-être pas optimal. Vous, comme moi, dans une telle situation risquerions le choque post-traumatique. Et c’est exactement ce qui se passe pour un enfant nouvellement adopté.

La nouvelle famille adoptante se doit de faire une période de cocon, afin de diminuer la réaction du choc post-traumatique de l’enfant. Qu’est-ce que c’est exactement la période cocon? C’est un moment, qui varie en durée, en fonction des blessures préadoption de l’enfant (on parle de 2 mois à 6 mois) où l’on tente de permettre à l’enfant de se poser dans sa nouvelle famille, le plus doucement possible. Comment? En limitant au maximum le stress extérieur. Et quels sont les stress extérieurs? Toutes les nouvelles personnes, à l’exception du ou des deux parents, et des enfants vivant déjà dans la famille. En effet, l’enfant doit apprendre à qui faire confiance. Et cette confiance se gagne dans le temps. On optimise nos chances, comme parents adoptants en étant les seuls qui répondent aux besoins de base de l’enfant (donner le biberon, changer la couche, donner le bain, etc.) Mais aussi que nous ayons l’exclusivité des beaux moments de jeux, ou des moments de réconforts lorsque l’enfant est en crise. De cette manière seulement, l’enfant comprendra à qui il pourra faire confiance.

De plus, toute sortie où il y aurait trop de nouveauté et d’éléments stressants pour l’enfant est à éviter. Une balade en auto, ou une marche dans une rue tranquille, par exemple, sont acceptables. Aller à l’épicerie, dans un parc bondé de parents ou d’enfants, un party de Noël dans la famille élargie sont des exemples de sorties trop exigeantes pour un enfant qui tente de se poser dans sa nouvelle famille.

Tranquillement, au fil des semaines qui passent, quand nous sentons que l’enfant a pu se poser dans sa nouvelle vie, nous pouvons ouvrir, petit à petit le cocon. Par exemple, on peut inviter notre mère à venir voir l’enfant, les premières fois, selon le niveau de traumatisme que l’enfant vit, grand-maman ne pourra pas prendre le bébé/l’enfant, mais au fil des rencontres, il pourra y avoir des contacts.

Je l’ai vécu avec ma fille, et je m’apprête à le revivre avec la petite cocotte que nous attendons. Je ne vous cache pas que c’est une période intense et exigeante pour les parents. On doit tout faire seuls et l’aide qui peut nous être apportée est assez limitée, comme personne ne peut entrer dans notre maison. Mais si vous vous demandez comment aider une nouvelle famille adoptante, voici quelques trucs : apportez des repas maison préparés alors que l’enfant dort. Proposez de vous occuper des enfants plus vieux. Venez chercher des piles de linge sale, et revenez les porter tout propre et pliés. Venez passer la pelle dans la cour, ou la tondeuse. Allez faire une épicerie, ou soyez à l’affût des besoins matériels et proposez de faire les achats nécessaires. Soyez de bonnes oreilles et écoutez le nouveau parent vous brailler ça au téléphone, parce que des bouts difficiles, il y en a aussi en adoption.  Bref, ce n’est pas parce qu’on ne peut pas prendre le nouveau bébé dans ses bras qu’on ne peut pas aider!

Vous désirez en connaître davantage sur l’adoption et sur la période cocon, Johanne Lemieux a écrit 2 livres essentiels, soit : La normalité adoptive et  Mieux vivre les trois premières années après l’arrivée de l’enfant.