C’était le soir du dimanche le 17 mars. Nous avions passé une superbe semaine de relâche en ville à faire toutes sortes d’activités au gré de nos envies et de la température : musée, biblio, patin au parc. Je préparais le premier lunch du retour de la relâche pour le lendemain quand je m’en suis rappelée : Oh! je pense que le temps d’inscription pour le camp de jour que nous zieutions pour mon fils s’en venait! Mon chum s’étonna : DÉJÀ? Mais nous étions juste à la mi-mars!

Non, en fait, pas déjà. Je découvrirais quelques minutes plus tard que le dimanche 17 mars, c’était en fait trop tard, le camp étant déjà sold out. Il aurait fallu qu’au lieu de profiter nonchalamment de la relâche dans la neige avec mes kids que je sois sur l’ordinateur à organiser tous les détails de notre été. 

Bon doux, on peut-tu vivre un peu?


Crédit : Giphy

Sincèrement, je commence à en avoir vraiment marre de la sur-organisation que nous oblige à avoir la société. Ne me méprenez pas, je n’ai jamais été du genre yolo, mais assez prévoyante et plutôt organisée. Mais la vie avec des enfants (encore plus en âge scolaire) a tôt fait de me montrer que « assez prévoyante et plutôt organisée » ne suffisaient franchement pas. Il fallait que je sois compulsivement prévoyante et agressivement organisée, ne profitant jamais vraiment du moment présent, mais regardant toujours au moins six mois à l’avance. Constamment en train de préméditer nos prochains pas, nous projeter obsessivement vers l’avant.
 
C’est non seulement plate, mais surtout franchement éreintant. Je sais que je ne suis pas obligée de suivre les diktats sociaux, mais il faut avouer que la vie nous rend ça difficile d’être chill quand il faut toujours toujours toujours tout planifier.  
 
Tu veux passer des belles vacances d’été, te prélasser cinq minutes avec les enfants avant que l’école ne recommence? Impossible, les fournitures scolaires sont déjà sur les étagères fin juin, à peine la dernière cloche de récréation sonnée. Tu veux des pantalons d’hiver? Les soldes arrivent au mois d’août. Il fait 30 degrés dehors et le facteur humidex est à son top que tu dois faire essayer des pantalons de neige à ta fille en espérant que dans 5 mois en pleine tempête de janvier, ils lui fassent encore.
 
Si par malheur au mois de février elle a déjà perdu les 2 paires que tu avais achetées en pensant être organisée et prévoyante, la vie et les magasins vont rire de toi, parce qu’à la fin février, il n’y en a plus du tout des mitaines dans les magasins. Nope, le mois de mars, c'est déjà les soldes de l'été qui ont remplacé les tuques dans les rayons et tu devras donc tasser les costumes de bains fleuris avant de trouver un commis qui regardera ta déception avec un peu de jugement.

Et lorsque tu es dans la gadoue de mars, à te geler les fesses en randonnée au parc avec ton plus grand, que le froid est glacial mais les joues toutes roses de bonheur d'être dehors, c’est là que tu dois te projeter dans l’été et pas juste le début de l'été, dans tous les jours de tous les mois de l’été, afin de magasiner le bon camp de jour que tu prendras pour la deuxième semaine du mois d’août (tu sais, la même où tu commenceras à regarder les pantalons d'hiver?).

Je ne sais pas vous, mais moi, ça me donne le tournis. La vie par anticipation, tout le temps, sans fin et sans répit, non merci.

Crédit : Giphy

 
Faque on est sur la liste d’attente pour le camp de jour qu’on avait choisi et si on n’a pas de place, tant pis, on s’arrangera. Au pire, on jouera tous les jours au parc et on révisera nos plans quand il pleuvra.  On s’emmerdera un peu ou on trouvera des idées farfelues. Inculquer un peu de yolo à mes enfants dans cette société qui pelte tout le temps par en avant me semble essentiel. Envisager l’avenir avec plaisir et douceur, oui, mais préméditer chacune de nos actions six mois d’avance, no way josé. Nous sommes trop occupés à juste savourer le ici et le maintenant. #SlowToute, baby.