Bon je vais essayer d'aligner mes contradictions intérieures et de verbaliser un peu ce qui ce passe dans ma tête.

J'aime ça être enceinte. À ma première grossesse gémellaire, j'ai eu une panoplie de bobos qui m'ont pourri l'existence. Mais malgré ça, j'ai apprécié l'expérience. J'ai eu mal à mon accouchement. J'ai eu mal en sacrement. Mais j'ai vraiment hâte à mon prochain.

Être enceinte pour moi, c'est porter deux enfants. Leur offrir un nid le plus douillet possible pour qu'ils y grandissent jusqu'à ce que le médecin décide qu'il est temps pour eux de venir au monde. Les douleurs de la grossesse sont un rappel constant que mon corps se modifie pour accommoder ces deux êtres qui seront dans nos bras dans quelques mois. Je trouve ça beau tous les mécanismes corporels impliqués dans la gestation. Le corps d'une femme, c'est beau, c'est fort.

Accoucher, c'est vivre le plus beau moment de ta vie, tout en étant toujours à deux poils que tout ne se passe pas bien. Je fais confiance à ma gynécologue. Je ne me fais même pas de plan de naissance. C'est moins stressant pour moi comme ça, sachant de toute façon que cette journée-là est bourrée d'imprévus. De me créer des attentes qui ne seraient fort probablement pas respectées à la lettre à cause d'une complication X ou Y me laisserait un goût amer de déception en bouche alors que je n'ai pas besoin de ça. J'y vais plutôt avec le mantra « Que sera, sera ».

J'ai aimé accoucher. J'ai aimé entrer en phase méditative. Ce moment, seule dans ma tête à survivre aux vagues de douleur toujours plus intenses. Mon absence de mots, ce silence dans la pièce parce que mes accompagnants comprennent mon besoin. Puis ce moment où elles naissent. Ce moment où je me dis que c'est déjà terminé, ce court voyage de 9 mois.

Cette aventure-là, je ne la vivrai que deux fois. J'aurai 4 enfants en deux grossesses et c'est assez pour nous. Chaque jour j'essaie de prendre conscience de la chance que j'aie, de ne pas me laisser envahir pas la nostalgie. Que j'ai la chance de porter deux bébés pour la seconde fois qui jusqu'à maintenant pètent le feu et que c'est merveilleux. Je vis une expérience que peu de personnes ont la chance de vivre et j’en suis reconnaissante.

Toutefois, derrière une petite porte blindée dans ma tête, se vit un deuil de la grossesse. Le deuil des grossesses que je n'aurai pas.

Qu'avez-vous ressenti lors de votre dernière grossesse?