Salut, je m’appelle J-P, et j’ai une famille atypique. Intro parfaite de groupe de soutien de parents, right? Les parents de familles atypiques anonymes, tiens! En 2015, je me suis séparé après une longue et belle relation après avoir eu deux formidables enfants. Un an et demi plus tard, je faisais le choix difficile mais ô combien réfléchi de déménager à l’extérieur en laissant les enfants à maman, par manque de boulot dans ma région, mais aussi pour aller retrouver mon conjoint de l’autre côté du fleuve. Oui oui, mon conjoint. Ça met la table, hein?
Après avoir – pendant près d’un an et demi – pris le traversier et fait autour de 5 heures de trajets toutes les deux fins de semaine pour retrouver mes cocos, j’ai pris la décision de revenir aux sources dans la ville de mes enfants. Nous avons, moi et maman, repris un mode de garde plus égal. Puis mon conjoint est venu nous retrouver et, pendant près d’un an et demi, il s’est cherché un emploi qui lui permettrait de se sentir chez lui dans sa nouvelle région. En vain. Après une pléthore de curriculum vitaes envoyés, il est retourné de l’autre côté du fleuve, de l’autre bord.
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« Au travers de tes grands yeux clairs, j’peux voir la côte jusqu’à l’autre bord », disait Louis-Jean Cormier dans la toune Deux saisons trois quart (sauf que le beau Alex, ses yeux sont pas clairs). Ça a été un deuil pour moi, pour nous, comme complices, comme grand amis amoureux, mais aussi comme famille. Mes enfants aiment mon Alex de tout leur coeur. C’est celui qui, pendant que papa se charge un peu plus de leader la discipline familiale, apporte la folie, les jeux de rôles, les danses effrénées dans la cuisine pendant que le souper cuit.
L’amour à distance quand on a des enfants, après avoir goûté au partage du quotidien avec un partner, c’est un des plus grands défis de ma vie. Je vis en garde partagée. Alors les semaines où mes enfants sont à la maison, il me venait en aide, préparait les sacs de piscine, remplissait le lave-vaisselle… Des niaiseries de même qui te paraissent des niaiseries quand c’est le quotidien. Mais depuis qu’il est retourné là-bas, mes semaines avec les enfants sont une course folle. Et la semaine seule, bien je suis seul. Pas de bras pour me serrer. Pas de mollets chauds sur lesquels reposer mes pieds froids une fois la nuit tombée. Pis ça, c’est toutes les semaines…
Je ne me plains pas. Au contraire. C’est un peu un hommage à Lui. Ce grand gaillard qui met du soleil dans mes journées et aussi dans celles de mes enfants. Quand ils me disent qu’ils s’ennuient « ben que trop d’Alex », je leur dis que moi aussi. Et qu’on est chanceux de l’avoir, Alex. Même si sa présence est plus sous forme de face sur un écran Facetime, on est chanceux. Parce qu’il est entré dans notre vie à tous les trois et que, malgré la distance, il choisit de nous garder dans sa vie, même si la vie va vite de ce côté-ci du fleuve.
Au moment d’écrire ces lignes, ça va faire quatre mois qu’on s’est pas vus « en vrai » (allô les déboires de la société des traversiers du Québec entre la Côte-Nord et la Rive-Sud). J’ai envie de rendre hommage à tous les parents qui vivent avec un conjoint ou une conjointe à distance. Ça teste l’amour. Ça teste l’émotivité. Ça teste la connexion et la communication. Mais ça se peut. Pendant ce temps-là, on continue de garder la place au chaud pour les visites du beau Alex à la maison.
Avez vous déjà vécu une relation amoureuse à distance en ayant des enfants? Envie de partager vos trucs de survie?