Ma fille de 9 ans, une enfant magnifique et en pleine santé, a attrapé une maladie mentale. Dans une maison confortable, élevée par des parents équilibrés, qui s’aiment, avec un frère, des amis, des grands-parents merveilleux, ma pétillante enfant pleine de potentiel s’est faite prendre le cerveau d’assaut par un crabe impitoyable, qui est parvenu à la convaincre qu’elle était immensément grosse et indigne de marcher la tête haute... 

Si je nous croyais à l’abri de quelque chose dans la vie, c’était bien de la maladie mentale. Et pourtant... des semaines, des mois déjà, que notre vie glisse et fuit comme du sable entre les doigts. Ma beauté se cache derrière des vêtements trop grands, pliée en deux, retenant des pantalons qui tombent sur sa taille fine comme nos cœurs de parents en lambeaux. Le crabe lui a imposé sa démarche atypique, se déplaçant bizarrement de côté, en longeant les murs d’une école devenue hostile parce que la différence est dérangeante dans les rangs bien cordés de nos institutions scolaires.

Notre quotidien grignoté est maintenant composé de tâches autrefois banales devenus laborieuses et déconcertantes ou d’activités auparavant agréables et maintenant bannies. L’obsession du corps a éclipsé les invitations des petites amies le samedi matin et a relégué la sportive qu’elle était, sur le banc, match après match, avec sa honte comme seule compagnie. 

Ma toute petite enfant, débute sa vie avec une maladie de grande, avec ce crabe qui ronge sa tête, son cœur... On nous dit d’être patients, de faire confiance à la thérapie, de continuer de rire, de ne pas perdre la foi en son avenir qui peut s’avérer aussi brillant que celui des enfants qui n’ont pas connus les crabes grignoteurs d’insouciance...

C’est si difficile de ne pas se laisser sombrer dans l’abîme... Sommes-nous les seuls à vivre avec ce genre de troubles mentaux? Connaissez-vous d’autres parents chasseurs de crabes???