Je suis de celles qui pensent qu'il faut tout un village pour élever un enfant. Qu'en plus de Maman2 et moi, chaque personne qui croise le chemin de mes enfants, bonifie la vie de ceux-ci.

Maman2 et moi nous sommes séparées alors que nos cocos étaient tout-petits. Cocotte n'avait que quelques semaines. Dans le raz de marée suivant la séparation, nous avons refait notre vie. Nous avons toutes les deux fait place à de nouvelles personnes à nos côtés. C'est à ce moment que j'ai rencontré Belle-maman2. Encore aujourd'hui, elle occupe un rôle important dans la moitié de la petite vie de mes enfants.

Accepter la séparation, c'est un défi en soi. Vivre seulement 50% des premières fois, c'est dur sur le cœur de maman. Composer avec la présence d'une belle-maman, c'est également difficile. Savoir qu'une autre personne, extérieure à la cellule familiale, mouche leur petit nez, prend leurs petites mains et console leur chagrin, c'est souffrant. Concevoir qu'elle les berce parfois quand ils ont de la difficulté à s'endormir, leur chante des chansons et les prend dans ses bras, ça fait mal en dedans. C'est moi qui devrais faire ça, qui aurais dû faire ça.

Je pense être passée par toute la gamme possible des émotions face à Belle-Maman2 depuis son entrée dans nos vies. De la colère à la reconnaissance, avec un passage par l'amertume et le regret, je crois que je les ai toutes vécues, les possibilités émotionnelles reliées à elle.

S'il y a quelque chose de beau que j'ai appris avec les mois, c'est à faire confiance à cette femme qui prend parfois ma place auprès d'eux. C'est d'accepter que son amour pour eux puisse parfois remplacer le mien, lorsque je ne suis pas là. Que si ma fille l'appelle « maman », du haut de ses « deuzans », c'est parce que Belle-Maman2 agit avec elle, comme si elle était la sienne.

Je crois qu'elle ne pourrait pas faire un plus grand don de soi, que ce temps et cette patience qu'elle donne à mes enfants. C'est un risque qu'elle prend tous les jours, pour son propre cœur, de s'investir émotionnellement avec eux. Ces enfants pourraient lui être enlevés à n'importe quel moment. Et pourtant, elle répond présente à chaque fois. Il me serait difficile d'éprouver pour elle, une quelconque forme d'amertume.

Je ne cacherai pas que, parfois, ça vient me chercher. Ça tord un peu mon cœur de maman quand ma deuzans lui saute dans les bras lors des échanges de garde. Ce petit pincement nécessaire, je le cache derrière un sourire parfois difficile à esquisser. Pour avoir déjà pris des petites mains qui n'étaient pas miennes auparavant, je sais quelle tendresse elle porte à mes enfants. C'est cette même tendresse que je veux pour eux à chacune de leurs journées, peu importe dans quelle maison ils seront.

Belle-Maman2 fait partie de tout ce village qui élèvera mes enfants. Et c'est correct comme ça.