J’ai toujours été quelqu’un aimant (comprend ici “nécessitant”) le contrôle: de mon ménage, mes habitudes, mon travail, mon image. Du plus loin que je me souvienne, je devais faire les choses à ma façon et je m’attendais à ce que les autres adoptent mes habitudes. J’étais comme cela autant avec ma famille et mon conjoint qu’avec mes belles-filles.
Un jour, tout a chamboulé. J’ai eu mon enfant à moi. Une petite chose minuscule qui est venue secouer chaque petite parcelle de mon confort absolu: le contrôle! Déjà à l’accouchement, elle est sortie en césarienne d’urgence. Ce n’est aucunement l’accouchement dont on rêve. Mais je ne l’ai pas constaté tout de suite. Le jour où j’ai eu le grand choc s’est déroulé ainsi: j’allais partir pour un rendez-vous, mais la petite a fait un besoin et devait être changée sur-le-champ. J’allais être en retard! Je n’ai jamais été en retard, même quand j’essayais de l’être. Je ne contrôlais pas les intestins de ma fille (et plusieurs autres choses par la suite). Je ne pouvais plus tout contrôler et mon égo en a pris un coup.
Une constatation difficile s’est imposée: je n’étais pas parfaite et un être de moins de 2 pieds me forçait à me remettre en question. J’ai dû m’habituer à tout cela. J’ai dû lâcher prise. J’ai eu à me faire confiance et à lui faire confiance. C’est loin d’être un travail personnel facile, et c’est loin d’être terminé.
Mon salon parfait se transforme en un chantier en un claquement de doigts: je ne réagis plus. J’attends. C’est terminé? Je range. Est-ce que j’ai été comme cela au début? Oh que non. J’en faisais des ulcères d’estomac. Je rangeais au fur et à mesure. Mais, un moment donné, maman est vraiment fatiguée. Maintenant: go fille, amuse-toi!
Maintenant, avec une threenager en puissance, j’apprends à ne plus avoir de contrôle sur mon image publique. Je m’explique : quand ton enfant se couche par terre en pleurant parce que « non moi veux pas aller là-bas », tu n’as malheureusement plus le contrôle, ni de ton enfant ni de ton image. Quand tu décides de traîner ton enfant par le bras parce que tu as essayé toutes les tactiques possibles (fait vécu), tu n’as pas le contrôle de la situation. Ou encore, quand ton chum trouve que c’est long à la caisse d’un centre de rénovation et qu’avec ta fille, il crie « BATAILLE » avec des nouilles de piscine, tu respires par le nez.
Et j’ai appris que c’était correct. Je vis avec ce sentiment-là et je vais bien (la plupart du temps). Donc, si vous voyez un homme qui crie « BATAILLE » avec une nouille de piscine et qu’une petite fille part à courir en riant, c’est les deux miens. Que voulez-vous, je ne contrôle plus tout!